Sept jeunes hommes originaires de Strasbourg (est), dont le frère d'un des kamikazes des attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre Paris, vont être jugés en France pour être partis faire le djihad en Syrie fin 2013, a appris l'AFP vendredi de source judiciaire.

Les sept suspects étaient revenus en France à partir de février 2014 et avaient été arrêtés en mai de la même année.

Deux autres hommes partis avec eux, des frères, étaient morts en Syrie. Un dixième, Foued Mohamed-Aggad, était resté sur place, avant son retour dans l'Hexagone pour les attentats du 13 novembre, où il avait pris part à la tuerie de la salle de concert du Bataclan.

Son frère, Karim, fait partie des sept personnes renvoyées devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, a précisé la source judiciaire.

Durant l'enquête, tous les prévenus ont dit qu'ils étaient partis en Syrie dans un but humanitaire et qu'ils en étaient revenus, car ils ne cautionnaient pas les exactions de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), précurseur de l'EI.

Mais ils avaient été convaincus de partir par Mourad Farès, l'un des principaux recruteurs de djihadistes français, via les réseaux sociaux, avant son arrestation en Turquie et se remise à la France en 2014.

L'enquête a révélé que les dix jeunes hommes étaient partis en décembre 2013, par petits groupes pour ne pas attirer l'attention, via des vols entre l'Allemagne et la Turquie. D'après leur récit, ils ont été forcés d'intégrer l'EIIL, dans les rangs desquels ils reconnaissent avoir participé à des entraînements militaires.

Dans ses réquisitions, le parquet demandait leur renvoi en procès, en relevant qu'ils avaient prêté allégeance à l'EIIL, que des photos de certains posant avec armes et treillis avaient été retrouvées sur leurs ordinateurs et téléphones, ainsi que des textes menaçants la France.

Quelque 1800 Français sont aujourd'hui impliqués dans des filières djihadistes en Irak et en Syrie, selon les autorités françaises.

Contacté par l'AFP, l'un des avocats de la défense, Me Eric Plouvier, s'est inquiété du «contexte nouveau» dans lequel les prévenus seront jugés, après les attentats de Paris. «On peut craindre que les garanties d'un procès équitable fassent défaut et que les juges se contentent de preuves faibles», a-t-il déclaré.