Deux membres présumés du groupe de l'État islamique (EI) soupçonnés de préparer un double attentat suicide à Ankara pendant les fêtes de fin d'année ont été arrêtés mercredi par la police turque, en état d'alerte maximale depuis l'attentat meurtrier d'octobre dans la capitale.

Ces arrestations interviennent dans un contexte de renforcement des mesures de sécurité face à des menaces terroristes dans d'autres pays, notamment en Belgique, en Autriche et en Russie, à Moscou, après les attentats djihadistes du 13 novembre à Paris.

«Dans le cadre d'une enquête instruite par le parquet d'Ankara et du travail effectué par la police d'Ankara, deux individus membres de l'organisation terroriste Daech (acronyme arabe de l'EI) ont été capturés pendant une intervention réussie avant même de passer à l'acte», a indiqué le gouvernorat de la capitale turque dans un communiqué en ligne.

Les suspects ont été présentés sous leurs seules initiales, M.C et A.Y, sans autres détails. Les médias turcs ont indiqué qu'ils étaient tous les deux de nationalité turque et qu'ils étaient interrogés à la section antiterroriste de la sûreté.

«Un gilet explosif prêt à être utilisé et un sac à dos rempli d'explosifs et renforcé par des billes et des tiges d'acier ont été saisis» par la police au cours de l'opération, selon le même communiqué.

Les deux suspects ont été interpellés par la police antiterroriste dans un appartement d'une banlieue populaire d'Ankara, à Mamak, où les forces de l'ordre ont procédé pendant des heures à des fouilles pour rechercher d'éventuels engins explosifs dans le bâtiment et dans ses parages avec l'aide de chiens, a raconté l'agence de presse Dogan.

Les deux suspects auraient été pris en filature depuis un certain temps par la police.

Ils s'apprêtaient à commettre des attentats suicide jeudi soir à deux endroits (devant un centre commercial et sur une rue branchée) de la place centrale de Kizilay, lieu traditionnel des festivités du Nouvel An, ont annoncé des chaînes de télévision qui ont cité le bureau du procureur en chef d'Ankara, la deuxième ville - derrière Istanbul - de Turquie avec ses 5,2 millions d'habitants.

Des milliers de personnes se réunissent traditionnellement sur cette place pour fêter l'arrivée de la nouvelle année.

État d'alerte

La Turquie est en état d'alerte depuis le double attentat suicide qui a fait 103 morts et plus de 500 blessés devant la gare centrale d'Ankara le 10 octobre avant un rassemblement en faveur de la paix organisé par les mouvements prokurdes. Les autorités islamo-conservatrices turques avaient présenté l'EI comme le suspect numéro après cet attentat, le plus meurtrier de l'histoire de la Turquie.

Depuis, les arrestations se sont multipliées dans les milieux djihadistes de la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan, longtemps accusée de complaisance à l'égard des groupes islamistes les plus radicaux.

Ce pays, qui fait partie de la coalition internationale dirigée par les États-Unis pour lutter contre l'EI, a de longues frontières avec la Syrie et l'Irak, deux pays dans lesquels l'EI contrôle de vastes zones.

Les deux hommes arrêtés mercredi planifiaient une attaque encore plus sanglante que celle d'octobre qui a provoqué une onde de choc en Turquie, affirme dans son édition en ligne le journal Hürriyet.

Les autorités turques ont d'autre part établi une liste de plus de 26 000 djihadistes présumés auxquels elles interdisent l'entrée sur le territoire turc et ont multiplié les expulsions, plus de 2300 depuis le 1er janvier 2014, selon les dernières statistiques gouvernementales.

L'Europe est aussi sur le qui-vive depuis les attentats de Paris qui ont fait 130 morts.

Mardi, les forces de l'ordre belge ont arrêté deux personnes soupçonnées de préparer des attentats à Bruxelles au cours des fêtes de fin d'année.

En Autriche, la police a déclaré samedi avoir relevé le niveau de sécurité à Vienne et dans d'autres villes après avoir été avertie de l'éventualité d'attentats pendant la période des fêtes.

Et à Moscou, l'emblématique Place Rouge, lieu de rassemblement traditionnel pour le Nouvel An, sera cette année pour la première fois fermée au public au moment du réveillon, ont annoncé lundi les autorités, dans un contexte de crainte d'attentats visant la capitale russe.