Les forces irakiennes ont annoncé lundi avoir «libéré» Ramadi des combattants du groupe État islamique (EI), hissant le drapeau national sur le QG gouvernemental pour marquer leur plus grande victoire face à l'organisation djihadiste.

Les États-Unis et plusieurs autres pays occidentaux membres de la coalition internationale anti-EI ont félicité les forces irakiennes, la France parlant de «la plus importante victoire depuis le commencement de la lutte» contre le groupe djihadiste en 2014.

Après la reconquête de Ramadi tard dimanche soir, des soldats ont dansé l'arme levée dans ce chef-lieu de la province d'Al-Anbar, situé à 100 km à l'ouest de Bagdad, pendant que des commandants ont paradé dans les rues de cette ville qu'ils avaient perdue en mai.

Des Irakiens ont aussi manifesté dans d'autres régions du pays pour célébrer une victoire qui devrait redorer le blason de l'armée fortement critiquée pour son humiliante déroute en juin 2014 face à l'EI qui s'était alors emparé de vastes pans du territoire.

«Ramadi a été libérée», a proclamé le général de brigade irakien Yahya Rassoul.

Le premier ministre Haider al-Abadi, dans un discours télévisé, s'est lui engagé à libérer le pays de l'EI en 2016: «Si 2015 était une année de libération, 2016 sera celle des grandes victoires qui mettront fin à la présence en Irak de Daech (acronyme en arabe de l'EI)».

À Ramadi, l'armée a affirmé ne rencontrer aucune résistance depuis le départ des derniers combattants de l'EI du QG gouvernemental au centre-ville. Les militaires avancent toutefois avec prudence et se consacrent à la tâche titanesque de désamorcer les engins explosifs laissés par les djihadistes.

300 engins explosifs

«Daech a placé au moins 300 bombes et engins explosifs dans le QG et sur les routes», a expliqué un officier, Majid al-Fatlawi.

Quasiment tous les civils ont quitté le centre de Ramadi dévasté par les combats. Certains ont été évacués, mais d'autres ont été utilisés comme boucliers humains par les djihadistes pour couvrir leur fuite, selon plusieurs témoignages.

Il y a une semaine, les responsables irakiens estimaient que l'EI disposait de 400 combattants à Ramadi. Il était impossible lundi de déterminer combien ont été tués et combien ont fui.

Du côté des forces fédérales, aucun bilan officiel n'a été fourni, mais selon des médecins une centaine de soldats blessés ont été hospitalisés à Bagdad dimanche.

La reconquête de Ramadi est survenue après des mois de préparatifs de l'armée qui avait resserré l'étau autour des djihadistes avant de reprendre progressivement des secteurs de la cité, avec le soutien crucial des frappes de la coalition internationale.

L'assaut final a été lancé mardi dernier par les forces d'élite antiterroristes et l'armée contre le QG gouvernemental où de violents combats ont eu lieu concentrés jusqu'à la fuite des derniers djihadistes.

Après la perte de Ramadi, l'EI contrôle toujours une grande partie de la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar, la plus grande d'Irak et qui est frontalière de la Syrie, de la Jordanie et de l'Arabie saoudite.

Et il faudra beaucoup de temps pour que la vie normale reprenne à Ramadi. Des habitants ont à peine commencé à revenir dans les quartiers périphériques, reconquis par l'armée il y a plusieurs jours, pour évaluer les dégâts.

Mossoul, prochaine étape?

«Nous n'avons pas l'intention d'y retourner maintenant, même si cette libération nous rend très heureux», confie Sohaib Ali, 27 ans, qui s'est réfugié avec sa famille au Kurdistan (nord). «Il y a eu d'immenses dégâts et je ne pense pas que les services de base reviendront tout de suite, ni même la sécurité».

À l'étranger, plusieurs pays de la coalition dirigée par les États-Unis, qui fournit aussi des armes et des entraînements aux forces irakiennes, ont salué leur victoire à Ramadi.

«Nous félicitons le gouvernement irakien et les courageuses forces irakiennes, qui ont démontré tellement de persévérance», a déclaré le secrétaire d'État américain John Kerry.

Pour Berlin, cette victoire «démontre encore une fois que l'EI n'est pas invincible». Londres a félicité les forces irakiennes face «aux terroristes barbares».

Fort de ce succès, M. Abadi a affirmé que ses forces «iraient libérer Mossoul, qui sera le coup fatal infligé à Daech». Mais il n'a pas dit explicitement si cette deuxième ville du pays serait leur prochain objectif.

L'EI contrôle depuis juin 2014 Mossoul (nord), d'où son chef Abou Bakr al-Baghdadi a autoproclamé son «califat» qui s'étend sur les territoires conquis en Irak et en Syrie voisine.

Ces derniers mois, ce groupe ultraradical sunnite responsable d'atrocités dans les régions qu'il contrôle et d'attentats dans des pays arabes et en France, a perdu plusieurs places fortes -Tikrit, Baïji et Sinjar- au nord de Bagdad.