Le groupe djihadiste État islamique (EI) a renforcé son statut d'ennemi numéro un de l'Occident en 2015. Néanmoins, l'organisation terroriste a perdu le contrôle de 14% de son territoire en un an, malgré une percée importante dans l'ouest de la Syrie. Portrait d'une poudrière explosive.

PRÈS DE RAQQA

Au début de l'année, l'EI contrôlait 90 800 km2 dispersés entre le nord-est de la Syrie et l'ouest de l'Irak. Un territoire équivalant au Portugal. Or, le groupe djihadiste avait subi des pertes significatives, en date du 14 décembre 2015, soit 12 800 km2, selon l'institut spécialisé IHS Jane's. C'est l'équivalent de deux fois le territoire de l'Île-du-Prince-Édouard. Selon Miloud Chennoufi, membre de l'Observatoire sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de la Chaire Raoul-Dandurand, l'EI est incapable de s'étendre dans des territoires qui ne sont pas habités par des Arabes sunnites.

ENTRE KOBANÉ ET TAL ABYAD

L'essentiel des pertes de l'État islamique se concentre à la frontière entre la Turquie et la Syrie. La perte de Kobané, en janvier dernier aux mains des Kurdes, appuyés par les bombardements de la coalition internationale, a été un coup dur pour le groupe terroriste. «Kobané a été un point d'inflexion dans l'expansion de l'EI. Ils ont arrêté de s'étendre lorsqu'ils n'ont pas réussi à s'en emparer. Il y a une limite naturelle à leur expansion», explique Miloud Chennoufi, professeur de relations internationales au Collège des Forces canadiennes à Toronto.



MOSSOUL

Vendredi dernier, deux chasseurs canadiens ont bombardé trois positions de combat de l'EI près de Mossoul. Depuis le début de l'opération canadienne au sein de la coalition internationale contre l'EI, 1906 sorties aériennes ont été faites. Les frappes aériennes, menées en grande partie par les États-Unis, ont fait mal à l'EI en 2015. «Mais c'est surtout depuis que la Russie est impliquée dans ces frappes. Elle a fait beaucoup de mal à l'EI avec des frappes de plus en plus stratégiques et ciblées», soutient l'expert Miloud Chennoufi. La principale source de revenus de l'EI, la vente de pétrole, a ainsi été frappée de plein fouet.

PRÈS DE TIKRIT

Aux portes de Bagdad l'an dernier, l'EI a réussi à conserver la majeure partie de ses acquis en Irak, dont Mossoul, deuxième ville du pays. Seul gain significatif: le centre-ville de Ramadi au mois de mai. Or, les forces irakiennes avaient bon espoir de reprendre le contrôle de cette ville stratégique dans les prochains jours grâce à l'appui aérien de la coalition internationale. Jusqu'à présent, la reconquête de Tikrit, au printemps, était le rare succès de l'armée irakienne cette année.

À PALMYRE

Le groupe djihadiste a effectué sa principale avancée de l'année dans le centre de la Syrie en conquérant Palmyre au printemps. La destruction médiatisée des ruines de la cité antique a choqué la communauté internationale. Comment expliquer le succès de l'EI, pourtant attaqué de toute part? «Les populations sunnites qui vivent sous la domination de l'EI sont prises entre le marteau et l'enclume. Elles sont opprimées par un groupe totalitaire. Le problème, c'est que ceux qui combattent l'EI risquent de commettre des crimes de guerre, si jamais ils s'emparent de ces territoires», explique le professeur Miloud Chennoufi.

PHOTO ARCHIVES AP

La destruction médiatisée des ruines de la cité antique a choqué la communauté internationale.