Des rebelles syriens ont commencé mercredi à évacuer le dernier quartier qu'ils contrôlaient à Homs en vertu d'un accord avec Damas, ouvrant la voie à une reprise totale de la troisième ville de Syrie par le régime.

Une grande partie de la plus vaste province de Syrie reste cependant toujours sous le contrôle des insurgés notamment du Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) dans le nord, et du groupe État islamique (EI) dans l'est, dont la célèbre ville antique de Palmyre.

Des centaines de rebelles ont quitté le quartier de Waer avec leurs familles en vertu d'un rare accord de cessez-le-feu supervisé par l'ONU et conclu début décembre avec le régime de Bachar al-Assad.

Un journaliste de l'AFP a vu le départ d'un convoi de dix autobus blancs transportant femmes, enfants et personnes âgées avec leurs bagages. Ils étaient accompagnés par cinq autres cars avec à bord des combattants, dont certains portant leur kalachnikov.

Le convoi était escorté par dix voitures de l'ONU et dix ambulances ainsi que plusieurs véhicules de l'armée.

Selon l'accord, quelque 2000 personnes doivent quitter le quartier de Waer, après trois ans de siège.

Environ 700 personnes --dont 400 femmes et enfants et 300 combattants-- devaient être évacuées mercredi, a indiqué le gouverneur de la province, Talal Barazi.

«Tout sera fini à la fin de la semaine prochaine», a-t-il souligné.

Direction les zones rebelles

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les bus doivent notamment se rendre dans la région d'Idleb (nord-ouest), tenue par l'Armée de la Conquête, réunissant le Front Al-Nosra et une kyrielle de groupes rebelles islamistes.

La police et non l'armée sera chargée de la sécurité de Waer après le départ des rebelles.

Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, 45 groupes armés se trouvaient dans Waer, dont le Front Al-Nosra. Quelque 75 000 habitants vivent dans ce quartier, contre 300 000 avant le début de la révolte contre le régime en mars 2011.

Ainsi se termine un chapitre particulièrement violent dans la ville de Homs, que les insurgés avaient surnommé «capitale de la révolution» et où les manifestations pacifiques massives avaient tourné à la rébellion armée fin 2011 face à une répression impitoyable.

L'armée avait d'abord repris le quartier de Baba Amr en mars 2012, puis la Vieille ville après un siège inflexible en mai 2014. La cité porte les terribles stigmates des combats et certains quartiers ne sont plus qu'un amas de ruines.

Les opposants réunis 

Par ailleurs, selon l'OSDH, cinq femmes et trois enfants ont été tués dans un raid apparemment de l'aviation russe à al-Abada, dans la Ghouta orientale, un fief rebelle près de Damas.

L'ONG, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un vaste réseau de sources médicales et militantes à travers la Syrie, a indiqué d'autre part qu'au moins 11 civils, dont quatre enfants, avaient été tuées dans la même région, à Hamouriyeh, par des frappes aériennes, mais n'était pas en mesure de dire s'il s'agissait de raids russes ou du régime.

La Russie, grand allié de Damas, a lancé fin septembre des raids aériens en Syrie contre les groupes «terroristes», mais les pays occidentaux lui reprochent de viser principalement les rebelles modérés, et non l'EI.

«Les raids aériens russes en Syrie ne visent pas principalement l'EI», a ainsi déclaré Brett McGurk, l'émissaire spécial du président américain Barack Obama pour la Coalition internationale antidjihadiste. Selon lui, seules 30% des frappes visent l'EI tandis que les autres prennent pour cible des organisations de l'opposition qui ne sont pas affiliées aux djihadistes.

Le Réseau assyrien des droits de l'Homme a de son côté annoncé que 23 chrétiens assyriens et deux enfants avaient été libérés par l'EI dans la province de Hassaké où ils étaient détenus depuis le 23 février.

À Riyad, une centaine de représentants de factions politiques et de groupes armés de l'opposition syrienne se sont rassemblés pour tenter d'unifier leurs positions en vue d'éventuelles négociations avec le régime de Damas. Cette réunion sans précédent depuis le début du conflit se tient à huis clos jusqu'à jeudi.