Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité vendredi une résolution française qui permet de «prendre toutes les mesures nécessaires» pour combattre le groupe État islamique (EI), une semaine après les attentats qui ont fait 130 morts à Paris.

La résolution du Conseil de sécurité «demande aux États qui en sont capables de prendre toutes les mesures nécessaires, en conformité avec les lois internationales, et en particulier avec la charte de l'ONU  (..) sur le territoire contrôlé par l'EI en Syrie et en Irak».

Les pays sont invités à «redoubler d'efforts et à coordonner leurs initiatives afin de prévenir et stopper les actes terroristes commis spécifiquement» par l'EI, ainsi que par d'autres groupes extrémistes associés à Al-Qaïda.

Pour sa part, l'Union européenne a décidé vendredi de durcir les contrôles à ses frontières extérieures pour répondre aux failles apparues après les attentats de Paris, pendant que l'enquête montrait qu'au moins deux de leurs auteurs avaient suivi le chemin des migrants pour venir en Europe.

Le Conseil qualifie l'EI de «menace mondiale et sans précédent contre la paix et la sécurité internationales» et se déclare «déterminé à combattre par tous les moyens cette menace».

Le président français François Hollande a salué une résolution qui va «contribuer à la mobilisation des nations pour l'élimination de Daech», un acronyme de l'EI en arabe.

Pour son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, «il importe maintenant que tous les États s'engagent concrètement dans ce combat, qu'il s'agisse de l'action militaire, de la recherche de solutions politiques, ou de la lutte contre le financement du terrorisme».

Selon l'ambassadeur français François Delattre, la résolution «fournit un cadre légal et politique pour l'action internationale en vue d'éradiquer Daech dans ses sanctuaires en Syrie et en Irak».

L'ambassadeur britannique Matthew Rycroft, qui préside le Conseil en novembre, a salué «un appel unanime à l'action» de la part des 15 membres du Conseil.

Mais pour son collègue russe Vitali Tchourkine, ce texte n'est qu'un «appel politique qui ne change pas les principes légaux». La Russie insiste traditionnellement sur le respect de la souveraineté des États.

La résolution ne donne pas à proprement parler d'autorisation légale pour agir militairement contre l'EI et elle n'invoque pas le chapitre VII de la charte de l'ONU qui prévoit l'emploi de la force.

Mais elle fournit un appui politique à la campagne contre les djihadistes en Syrie et Irak, qui a été intensifiée à la suite des attentats de Paris, revendiqués par l'EI.

Les raids aériens français en Syrie ont pour base légale le droit d'un État à se défendre contre une attaque, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations unies.

La résolution condamne les attaques à Paris, mais aussi celles qui ont été menées depuis début octobre par l'EI à Sousse (Tunisie), à Ankara, Beyrouth ou contre un avion russe au-dessus de l'Égypte.

Elle a été votée au moment où à Bamako une prise d'otages dans un hôtel a fait au moins 27 morts selon les autorités maliennes. Cette attaque a été revendiquée par un groupe djihadiste lié à Al-Qaïda.

La résolution invite les pays à «intensifier leurs efforts» pour empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans les rangs de l'EI - comme l'ont fait des milliers de jeunes de pays occidentaux, dont des centaines de Français - et pour tarir le financement des groupes extrémistes.

Elle prévoit aussi que l'ONU prenne de nouvelles sanctions contre les dirigeants et membres du groupe et ses soutiens.

La Russie a de son côté proposé mercredi au Conseil d'adopter une nouvelle version de son propre projet de résolution, que le président russe Vladimir Poutine avait présenté fin septembre.

Mais ce texte est pour l'instant rejeté par les Occidentaux parce qu'il prévoit d'associer le régime de Bachar al-Assad à la lutte contre les groupes extrémistes.

Contrairement à la Russie; Londres, Paris et Washington veulent un départ rapide du président syrien dans le cadre d'une transition politique pour régler le conflit.

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a affirmé à la presse que la Russie allait continuer d'insister pour que son texte soit adopté «à bref délai». Mais son collègue britannique Matthew Rycroft a souligné que Moscou devra «l'amender pour surmonter les divergences» sur le rôle de Bachar al-Assad.