La Russie a mené des frappes notamment avec des missiles de croisière sur Raqqa, le fief du groupe État islamique dans le nord de la Syrie, en prévenant les Américains en avance pour la première fois, a indiqué mardi le Pentagone.

«C'était la première fois que les Russes nous notifiaient à l'avance sur certaines de leurs opérations», a déclaré mardi Peter Cook, le porte-parole du Pentagone.

Cette information préalable était «professionnelle», suffisante pour éviter tout incident avec les avions de la coalition menée par les États-Unis, a précisé M. Cook.

La notification de ces frappes, utilisant notamment des missiles de croisière, s'est faite dans le cadre de l'accord conclu en octobre par Moscou et Washington pour éviter les incidents aériens entre les avions russes et ceux de la coalition, qui mènent des opérations de bombardement distinctes en Syrie.

Washington accuse Moscou d'avoir avant tout frappé les rebelles luttant contre son allié Bachar al-Assad, et non le groupe État islamique.

M. Cook a reconnu que «ces derniers jours», les Russes avaient «plus concentré leurs frappes» contre l'EI.

«Nous nous en félicitons», a-t-il dit, en excluant toutefois toute coordination sur les frappes, que Moscou appelle de ses voeux.

«Nous allons voir ce que les Russes vont faire à partir de maintenant», a-t-il dit.

«Tant qu'ils ne changent pas leur politique» de soutien au régime de Bachar al-Assad, «nous ne voyons pas tellement de possibilité de coopération», a-t-il souligné.

Les Russes ont indiqué qu'ils avaient frappé avec des bombardiers stratégiques et des missiles de croisière les provinces de Raqqa (est), Deir Ezzor (est), mais aussi les provinces d'Alep (nord-ouest) et Idleb (nord-ouest). Selon les Américains, les Russes ont utilisé 20 missiles tirés depuis la Mer Caspienne.

Ces frappes russes centrées sur le groupe État islamique interviennent deux semaines après l'écrasement d'un avion russe dans le Sinaï, qui a fait 224 morts.

Le groupe État islamique a revendiqué la responsabilité de l'écrasement, et la Russie a promis d'intensifier ses frappes en Syrie.

Il faut que «les criminels se rendent compte que le châtiment est inévitable», a déclaré le président russe Vladimir Poutine.

Frappée elle aussi par des attentats du groupe État islamique qui ont fait au moins 129 morts vendredi à Paris, la France a également bombardé Raqqa dans la nuit de lundi à mardi et mardi soir.

Depuis les attentats de Paris, les États-Unis ont décidé d'accroitre leurs échanges de renseignements avec la France, permettant aux militaires français d'avoir accès à des informations qui leur étaient jusqu'à maintenant inaccessibles.