Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a laissé entendre vendredi que des militaires américains pourraient de nouveau participer en Irak à des opérations terrestres contre le groupe État islamique, comme celle de jeudi qui a coûté la vie à un soldat américain.

« Je m'attends à ce que nous fassions plus de ce genre de raids » a-t-il dit lors d'une conférence de presse au Pentagone.

Cette opération a permis de « sauver les vies » de 70 prisonniers, et de recueillir « du renseignement précieux », a-t-il souligné.

Jeudi, des forces spéciales américaines ont participé avec les forces kurdes, les Pehsmergas, à l'assaut d'une prison du groupe État islamique dans le nord de l'Irak.

Les forces américaines ont procuré des hélicoptères aux forces kurdes. Elles ont aussi fini par participer directement aux combats, pour venir en aide aux Peshmergas pris sous le feu de l'EI.

Un soldat d'élite américain de 39 ans a été tué dans l'opération.

Cette participation directe à des combats tranche avec le mode d'action habituel des forces américaines en Irak (3500 hommes environ).

Celles-ci sont normalement cantonnées à un rôle de conseil et d'assistance aux forces locales (forces régulières irakienne et Peshmergas), et restent à l'écart en principe des zones de combat.

Il s'agit d'appliquer le principe du « pas de soldats sur le terrain » (« no boots on the ground »), posé par le président Barack Obama, qui refuse la participation de troupes américaines aux opérations terrestres contre le groupe djihadiste État islamique.

Mais le ministre de la Défense a rappelé le précédent d'un raid des forces spéciales américaines en Syrie en mai 2015 contre Abou Sayyaf, un haut responsable des djihadistes ultra-radicaux.

Ces raids de forces spéciales « sont une grande force américaine », a souligné le chef du Pentagone.

« Quand nous aurons des opportunités de mener des actions pour avancer efficacement la campagne » contre le groupe État islamique, « nous les saisirons », a-t-il ajouté.

Cela ne veut pas dire « que nous adoptons une mission de combat » en Irak, a-t-il immédiatement nuancé.

Le militaire américain tué jeudi, le sergent-chef Joshua Wheeler, 39 ans, appartenait aux forces spéciales de l'armée de terre, et était un soldat d'élite habitué des missions secrètes.

Il était membre des commandos Delta, une unité d'élite entourée de secret, spécialisée notamment dans les opérations de libération d'otages et d'antiterrorisme.

Le sergent-chef Wheeler et les autres soldats américains ne devaient pas intervenir directement avec les Peshmergas dans l'assaut du site, selon Ashton Carter.

Mais il est finalement entré dans le combat pour prêter main forte aux Kurdes, pris sous le feu des djihadistes. Son action et celle d'un autre soldat américain « ont assuré le succès de la mission », a-t-il dit en saluant leur comportement.

Selon le Pentagone, près de 70 prisonniers, dont plus de 20 membres des forces de sécurité irakiennes détenus dans la prison ont été libérés grâce à cette opération.

Les commandos Delta font partie du JSOC (Joint special operations command), la partie des forces spéciales américaines spécialement dédiée aux opérations anti-extrémistes qui réalise notamment les éliminations par drones des chefs du groupe Etat islamique ou d'Al-Qaïda.

Ashton Carter a par ailleurs indiqué qu'il avait décidé de rassembler toutes les opérations américaines contre l'EI en Syrie et en Irak sous l'autorité d'un seul général, contre trois précédemment.

Il s'agit du général Sean B. MacFarland, qui s'était notamment fait connaître en participant en Irak au réveil sunnite, un soutien des États-Unis aux groupes sunnites irakiens désireux de combattre les djihadistes à partir de 2007.