L'Arabie saoudite a annoncé samedi le démantèlement d'une organisation liée au groupe extrémiste sunnite État islamique (EI), l'arrestation de 431 de ses membres présumés, en majorité des Saoudiens, et la mise en échec de nouvelles attaques contre des mosquées et une mission diplomatique.

L'EI contrôle de larges pans de territoire en Irak voisin et en Syrie, et le groupe a étendu ses opérations dans la région, revendiquant ces derniers mois des attentats notamment antichiites en Arabie saoudite, au Koweït et au Yémen.

Les autorités ont «réussi à détruire ces dernières semaines une organisation composée de petites cellules liée au groupe terroriste Daech», acronyme arabe de l'EI, a affirmé le ministère de l'Intérieur saoudien dans un communiqué samedi, deux jours après un attentat à la voiture piégée à Riyad, revendiqué par le groupe jihadiste.

Le ministère a indiqué que 37 personnes avaient été tuées durant ces arrestations, y compris des membres des services de sécurité et des civils, et 120 blessées. Six «terroristes» ont également été tués lors de ces opérations.

Les membres du réseau opéraient «sur un scénario préparé depuis des zones agitées à l'étranger, dans le but d'attiser une sédition confessionnelle et d'étendre le chaos», poursuit le ministère.

Les cellules étaient impliquées dans plusieurs attaques, dont les attentats suicide sanglants contre des mosquées chiites dans l'est du royaume, selon les autorités, et en planifiaient d'autres pour le mois de ramadan, qui vient de prendre fin.

Les autorités saoudiennes ont ainsi affirmé avoir mis en échec une attaque contre une mosquée des forces de sécurité à Riyad et des mosquées chiites dans la Province Orientale, précise le ministère de l'Intérieur.

Le groupe envisageait également de s'en prendre à une mission diplomatique, ajoute le communiqué du ministère sans plus de détails.

Parmi les 431 suspects arrêtés figurent 144 personnes accusées de soutenir le réseau en «propageant l'idéologie déviante sur internet et recrutant de nouveaux membres», selon la même source. Et 97 autres suspects sont liés à une cellule démantelée auparavant et à une attaque contre une mosquée chiite de la ville de Dalwa qui avait tué sept personnes en novembre.

Craintes de représailles

Figurent également parmi les personnes arrêtées, 190 suspects qui planifiaient de nouvelles attaques après celles des mosquées chiites visées en mai à Qatif et Dammam, notamment contre les forces de sécurité.

L'Arabie saoudite, pays du Golfe à majorité sunnite, a multiplié ces derniers mois les arrestations d'extrémistes sunnites soupçonnés de planifier des attaques, et dénoncé les attentats antichiites revendiquées par l'EI comme contraires à l'islam.

En mai, deux attentats suicide avaient été perpétrés deux vendredi successifs contre des mosquées de la minorité chiite dans la Province Orientale faisant 25 morts. L'EI a également revendiqué un attentat sans précédent en juin contre une mosquée chiite au Koweït voisin ayant fait 26 morts.

Ce groupe extrémiste violent est redouté en Arabie saoudite qui craint notamment que ses attentats n'attisent les tensions confessionnelles entre la majorité sunnite et la minorité chiite.

La participation de l'Arabie saoudite à la coalition internationale antijihadiste fait aussi craindre des représailles dans le royaume.

Le ministre de l'Intérieur et prince héritier Mohammed Ben Nayef avait assuré après les deux attaques meurtrières en mai, revendiquées par l'EI, que l'état de la sécurité en Arabie saoudite était «sous contrôle».

«De pareils incidents ne vont pas nous déstabiliser. Nous avons connu pire», avait déclaré le prince Mohammed.

Le prince Mohammed Ben Nayef avait personnellement dirigé, durant ses longues années passées au ministère de l'Intérieur, la campagne de répression contre Al-Qaïda, qui avait mené entre 2003 et 2006 une série d'attentats et d'attaques sanglants dans le royaume.