Un haut responsable de la communauté chiite en Afghanistan a déclaré, samedi, que le groupe armé État islamique (EI) était responsable de l'enlèvement de dizaines d'hommes et de garçons chiites en février.

Selon Mohammad Mohaqiq, deux anciens leaders talibans, qui ont changé d'allégeance pour se joindre à l'ÉI, sont responsables de l'enlèvement de 31 membres de la minorité hazara le 24 février dans la province de Zabol, dans le sud de l'Afghanistan.

Il en a informé l'Associated Press samedi. C'est la première fois qu'un dirigeant afghan confirme l'implication du groupe djihadiste dans cet enlèvement.

M. Mohaqiq, un adjoint du chef du gouvernement Abullah Abdullah, affirme que les deux talibans en question ont simplement «changé leur drapeau blanc» de talibans pour le drapeau noir de l'EI. Il s'agit selon lui du mollah Mansour Dadullah et de son adjoint, le mollah Abdullah Kakar.

Les forces de sécurité afghanes ont lancé une opération pour retrouver les otages hazaras dans la semaine ayant suivi leur enlèvement, a indiqué M. Mohaqiq, mais leurs efforts ont été vains.

Les hommes ont été séparés en petits groupes de trois ou quatre et sont retenus dans différents secteurs de la province montagneuse, selon M. Mohaqiq. Il pense qu'ils sont toujours vivants.

Les Hazaras ont été enlevés alors qu'ils circulaient dans deux véhicules sur une importante route de la province de Zabol par des hommes armés qui, selon les autorités, portaient des vêtements et des masques noirs. Les ravisseurs ont séparé les hommes et les garçons des femmes, des enfants et des non-Hazaras qui se trouvaient dans les véhicules.

Cet enlèvement a semé une onde de choc à travers les communautés hazaras de l'Afghanistan et mené à de nombreuses manifestations. Samedi, quelque 4000 Hazaras ont manifesté dans la ville de Mazar-e-Charif, dans le nord du pays, selon les organisateurs du rassemblement. D'autres manifestations sont prévues à Kaboul dans les prochains jours.

La minorité hazara, qui représente environ 25 % de la population afghane, est principalement chiite. La communauté a été plusieurs fois visée par les talibans et d'autres groupes extrémistes sunnites, qui considèrent les chiites comme des apostats.