La Jordanie a annoncé jeudi avoir frappé des positions du groupe État islamique après avoir promis de riposter sévèrement à l'exécution d'un de ses pilotes militaires, brûlé vif par l'EI.

Vendredi, des manifestations sont attendues dans le pays en solidarité avec la famille du pilote brûlé vif, pour réclamer une vengeance impitoyable, a annoncé la télévision jordanienne.

La montée en puissance de l'EI a éclipsé les combats entre rebelles et régime en Syrie, où l'aviation gouvernementale a mené près de Damas des raids particulièrement meurtriers, faisant au moins 66 morts, dont 12 enfants. Ces frappes intervenaient en riposte à une pluie d'obus rebelles sur la capitale qui ont fait 10 morts jeudi.

«Des dizaines d'avions de chasse ont mené à 11 h 00 locales (4 h 00 heure de Montréal) une série de frappes contre des bastions de l'EI (...) et toutes les cibles été détruites», a affirmé l'armée jordanienne dans un communiqué détaillant l'opération «Martyr Maaz», du nom de son pilote exécuté par le groupe djihadiste.

«Des camps d'entraînement et des dépôts d'armes et de munitions ont été touchés», ajoute le communiqué expliquant que les opérations se poursuivront jusqu'à «l'éradication» de l'EI.

Le communiqué ne précise pas le lieu des frappes. La Jordanie, qui fait partie de la coalition internationale antidjihadistes dirigée par les États-Unis, mène habituellement des raids en Syrie, où s'était écrasé en décembre l'avion du pilote Maaz al-Kassasbeh avant qu'il ne soit capturé par l'EI.

Peuple uni

Mercredi, le roi Abdallah II avait affirmé que «la riposte de la Jordanie et de son armée sera sévère».

Accompagné du premier ministre Abdallah Nsour, Abdallah II s'est rendu jeudi après-midi chez la famille du pilote à Karak, à 120 km d'Amman, où une immense tente avait été dressée pour recevoir les condoléances.

Dans une première mesure de représailles, la Jordanie avait exécuté mercredi la djihadiste irakienne Sajida al-Rishawi, condamnée à mort pour des attentats meurtriers en 2005 à Amman, et Ziad Karbouli, un responsable irakien d'Al-Qaïda.

L'EI avait réclamé la libération de la djihadiste pour épargner la vie du pilote, mais Amman avait exigé des preuves de vie de l'aviateur dont l'exécution remonte au 3 janvier selon la télévision officielle.

Pour des analystes, l'atrocité de l'exécution du pilote a poussé l'ensemble des Jordaniens à se ranger derrière leur gouvernement, donnant une «légitimité populaire» à la participation du royaume à la guerre antidjihadistes.

La Jordanie, a affirmé l'expert Hassan Abou Haniyeh, «pourrait même envisager une intervention terrestre».

Journée meurtrière à Damas

Avec cette terrible exécution, l'EI, fort de dizaines de milliers de combattants, a voulu dissuader ses ennemis arabes et occidentaux de poursuivre leur lutte antidjihadistes, selon des experts.

Des responsables américains ont expliqué qu'après la capture du pilote en décembre, les Émirats arabes unis, craignant pour leurs propres pilotes, avaient décidé de suspendre leurs raids aériens dans le cadre de la coalition.

Selon un responsable militaire américain, Washington a positionné dans le nord de l'Irak, où la coalition antidjihadistes mène également des raids, des équipes de sauvetage, pour les rapprocher des zones de bombardements, et faciliter d'éventuelles opérations de secours de pilotes.

En 10 jours, L'EI a revendiqué l'exécution de deux otages japonais et du Jordanien. Depuis la mi-août, il a en outre annoncé le meurtre de cinq otages occidentaux enlevés en Syrie.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a reporté sans donner d'explications une réunion prévue à 15 h 00 (heure de Montréal) au sujet la guerre en Syrie, qui entrera en mars dans sa cinquième année.

L'EI a profité de cette guerre et de l'instabilité en Irak pour s'emparer de larges pans de territoire sur lesquels il impose ses propres lois. Mais les affrontements entre rebelles et régime se poursuivent en Syrie.

Damas a reçu jeudi 120 roquettes tirées par les insurgés, qui ont fait 10 morts et entraîné la fermeture de l'université, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). En réaction, des zones contrôlées par les rebelles dans la grande banlieue ont été visées par 60 raids aériens et missiles sol-sol, qui ont fait 66 morts.