Le groupe armé État islamique (EI) règne par la «terreur» sur les populations civiles passées sous son joug en Syrie, multipliant les exactions pour décourager toute dissidence.

Ce recours à «la violence extrême» vise à conférer ultimement à l'organisation «un monopole absolu sur la vie politique et sociale» des communautés concernées, relève un nouveau rapport des Nations unies basé sur des entrevues avec plus de 300 témoins.

L'étude, produite par la Commission d'enquête sur les crimes en Syrie, dresse un saisissant portrait du comportement des membres de l'EI et du mode de vie qu'ils cherchent à imposer en se basant sur leur interprétation radicale de la charia.

Les experts onusiens notent d'emblée que les exécutions publiques figurent au coeur du dispositif répressif mis en place pour marquer les esprits.

L'EI a «décapité, tiré et lapidé des hommes, des femmes et des enfants dans les espaces publics de plusieurs villes et villages du nord-est de la Syrie», laissant des corps mutilés à la vue de tous, parfois jusqu'à trois jours après la mort.

Des témoins affirment avoir vu des dépouilles ensanglantées suspendues à des croix et des têtes fichées sur des piques métalliques. La pratique est si fréquente qu'il y a «toujours» des cadavres exposés dans le centre des grandes villes sous le contrôle des djihadistes, ont noté certaines personnes interviewées.

Plusieurs des hommes exécutés sont dénoncés comme des «infidèles» qui soutenaient d'autres factions armées ou qui collaboraient avec le gouvernement de Bachar al-Assad.

L'EI procède également à des amputations publiques à laquelle les passants sont contraints d'assister. Des hommes ont eu leurs mains coupées après avoir commis un vol, d'autres ont perdu leurs doigts parce qu'ils fumaient. Le fait de manquer une séance de prière, de parler avec une femme qui n'est pas habillée «correctement» ou d'arborer un tatou est matière à flagellation.

Les femmes confinées

Selon les Nations unies, les femmes sont affectées très durement par les diktats de l'EI.

Dans la plupart des régions touchées, elles demeurent largement confinées à leur domicile et ne peuvent se déplacer qu'avec des membres masculins de leur famille en se couvrant complètement le corps. Les femmes sans parenté masculine ne peuvent «même pas» aller chercher de la nourriture sans encourir un risque.

L'adultère est matière à exécution. Huit femmes ont été tuées pour cette raison en juin et juillet dans la ville de Rakka. Des hommes leur ont lancé de grosses pierres à la tête avant de les laisser mourir de leurs blessures dans des fosses creusées pour l'occasion.

Nombre de parents craignent que leurs filles soient unies de force à des combattants de l'EI et s'empressent de les marier au plus vite, même si elles sont mineures. D'autres cherchent au contraire à favoriser de telles unions dans l'espoir d'être protégés contre toute exaction.

Des femmes yazidis capturées dans le nord de l'Irak en août 2014 ont été enfermées dans des maisons et réduites à l'esclavage sexuel après avoir été vendues dans des marchés. Les membres de ce groupe sont considérés comme des mécréants par les djihadistes, qui forcent les minorités religieuses à se convertir ou à fuir.

Des enfants endoctrinés

Les enfants font par ailleurs l'objet d'une attention particulière de l'EI, qui utilise l'éducation comme un «outil d'endoctrinement». Le curriculum classique a été remplacé pour refléter ses priorités idéologiques et former les enfants à la manipulation d'armes. À Rakka, des jeunes ont été rassemblés pour visionner des vidéos montrant l'exécution de masse de soldats gouvernementaux de manière à les «désensibiliser».

Nombre des actions de l'EI ciblant les populations civiles sont assimilables à des «crimes contre l'humanité», selon la commission d'enquête onusienne, qui presse la communauté internationale d'agir afin que les auteurs des exactions soient ultimement tenus responsables de leurs actions.

Ils demandent par ailleurs que soit relancé le processus politique visant à résoudre le conflit syrien en relevant que l'impasse actuelle permet «à l'extrémisme de prospérer».

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Méthodes extrêmes à l'interne

Les méthodes extrêmes de l'État islamique (EI) peuvent également s'appliquer aux membres de l'organisation qui dérogent à ses règles. L'Observatoire syrien des droits de l'homme a rapporté vendredi qu'un des hauts responsables avait été «décapité» et «crucifié» pour vol et détournement de fonds. Selon l'Agence France-Presse, le rôle exact de l'homme au sein de l'EI n'a pas été établi.