Les frappes de la coalition ont tué en un mois plus de 500 jihadistes en Syrie, essentiellement des membres du groupe Etat islamique qui a encore avancé jeudi à Kobané, où les combattants kurdes attendent les renforts promis par le Kurdistan irakien.

Accusé de crimes contre l'Humanité, visé par des frappes en Irak et en Syrie, l'EI est probablement «l'organisation terroriste la mieux financée», grâce à des revenus pétroliers, à l'obtention de rançons et au produit de rackets, selon le Trésor américain.

En Syrie, 464 combattants du groupe sunnite extrémiste ont été tués en un mois par les raids de la coalition, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Parmi les victimes des raids figurent également 57 jihadistes du Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) et 32 civils, dont six enfants.

La «grande majorité» des combattants de l'EI et du Front al-Nosra tués «ne sont pas des Syriens», a précisé l'OSDH.

Les frappes de la coalition visent notamment à freiner la progression de l'EI à Kobané, ville frontalière de la Turquie, qui reste encore, selon Washington, contrôlée dans sa majeure partie par les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG).

Nouveaux combats violents

Mais «l'EI a réussi à avancer au nord de Kobané et dans le centre-ville après un cycle de violents combats qui ont débuté hier (mercredi) et se sont poursuivis jusqu'à jeudi matin», a déclaré le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les jihadistes se sont également emparés de plusieurs villages à l'ouest de cette ville.

Il s'agit de leur première avancée depuis plusieurs jours à Kobané, où les combats ont repris en soirée dans la partie ouest, avec des échanges de tirs nourris, d'après une journaliste de l'AFP à la frontière turque.

Selon le Centcom, le Commandement militaire américain chargé de la région, la coalition a conduit mercredi et jeudi quatre frappes près de Kobané, détruisant notamment un centre de commandement de l'EI.

L'une d'elles a tué au moins deux combattants de l'EI sur une colline près de la ville, où les jihadistes avaient planté un drapeau noir, selon les images d'un journaliste de l'AFP tournées depuis la frontière. Les déflagrations ont provoqué d'importantes colonnes de fumée noire.

Lundi, les États-Unis avaient procédé à un premier largage aérien d'armes et de munitions fournies par le Kurdistan irakien aux forces kurdes à Kobané, qui réclament depuis des semaines un soutien accru pour faire face à l'avancée des jihadistes, plus nombreux et mieux armés qu'eux.

La Turquie voisine a jusque-là refusé d'intervenir militairement, mais a décidé lundi de laisser passer des combattants kurdes d'Irak pour aller soutenir les YPG, excluant le transit de Kurdes turcs ou d'autres nationalités.

Ces renforts devraient arriver sous peu, le Parlement de la région autonome du Kurdistan irakien ayant voté mercredi en faveur de l'envoi à Kobané de peshmergas, qui ont joué un rôle important en Irak pour contenir les jihadistes lorsque ces derniers ont lancé en juin une offensive fulgurante dans le nord du pays.

Envoi de 200 peshmergas en Syrie

Mais les autorités du Kurdistan irakien ont fixé à 200 le nombre de combattants devant aller à Kobané, a précisé jeudi le président turc Recep Tayyip Erdogan, faisant apparaître le caractère relativement symbolique de l'aide irakienne, alors que 2000 combattants kurdes luttent à Kobané depuis le 16 septembre.

Côté irakien de la frontière, les jihadistes de l'EI assiégeaient de nouveau jeudi le Mont Sinjar, où s'étaient réfugiés début août des milliers de civils de la minorité yazidie fuyant devant l'avancée du groupe extrémiste.

Un des volontaires yazidis qui défendent la zone, Khalaf Mamou, a souligné que «la situation humanitaire était devenue très difficile, car il y a très peu de nourriture».

Les jihadistes ont également avancé dans la province d'Al-Anbar, à l'ouest de Bagdad, en s'emparant de la zone d'Albou Nimr, selon des responsables.

L'EI, qui compte des dizaines de milliers de combattants, dont 15 000 étrangers selon l'ONU, est responsable de terribles exactions -viols, rapts, exécutions, décapitations- dans le «califat» qu'il a proclamé sur les vastes régions sous son contrôle en Irak et en Syrie.

Des centaines de milliers de personnes ont fui leur foyer face à l'arrivée des jihadistes: l'Irak compte désormais 1,8 million de déplacés, selon les dernières estimations de l'ONU, qui a lancé un appel à la communauté internationale afin de mobiliser au plus vite plus de deux milliards de dollars, nécessaires pour répondre aux besoins des déplacés.