Les forces kurdes ont repoussé samedi à Kobané un nouvel assaut du groupe Etat islamique (EI) visant à couper la ville syrienne de la frontière turque, alors que l'armée en Irak voisin tentait de gagner du terrain face aux djihadistes.

La coalition internationale dirigée par les États-Unis a mené 25 raids en 48 heures sur ce groupe sunnite responsable d'atrocités en Syrie et en Irak, visant notamment ses positions près de Kobané et des infrastructures pétrolières sous son contrôle.

Tout en parlant de signes «encourageants» à Kobané, où la progression des djihadistes a été freinée, Washington a souligné que les raids pourraient ne pas empêcher sa chute et répété que «la priorité des États-Unis» était l'Irak où l'armée est toujours à la peine face aux djihadistes surtout dans l'ouest.

Plusieurs obus de mortier ont visé le poste-frontière syrien tout près du côté nord de Kobané, unique route d'approvisionnement pour les combattants kurdes et seule voie de sortie pour les civils, a indiqué à l'AFP le responsable kurde, Idris Nassen.

Trois obus ont touché le territoire turc, l'un d'eux à côté d'une colline où est stationnée l'armée d'Ankara à environ 1 km du front de Kobané, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Au total, 26 obus tirés par l'EI sont tombés sur les quartiers nord de Kobané et à proximité de la frontière, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Malgré ce bombardement, la principale milice kurde syrienne des YPG (Unités de protection du peuple) a réussi à repousser l'assaut djihadiste lancé depuis l'est pour atteindre le poste-frontière, a déclaré M. Nassen. L'EI «veut progresser pour [le] contrôler, mais les YPG ripostent».

Devenue le symbole de la résistance face à l'EI, la ville de Kobané, dans le Nord syrien, est assiégée par les djihadistes au sud, à l'est et à l'ouest.

Infrastructures pétrolières visées 

Face à la résistance acharnée des forces kurdes et aux frappes de la coalition - plus de 100 depuis fin septembre -, l'EI, qui a subi de lourdes pertes, a envoyé des renforts à Kobané «en hommes, munitions et équipements» depuis les provinces d'Alep et de Raqa (nord), son bastion en Syrie, selon l'OSDH.

Depuis le 16 septembre, «la bataille de Kobané», a provoqué environ 700 morts selon l'OSDH et poussé à la fuite plus de 300 000 personnes, dont plus de 200 000 en Turquie et des milliers en Irak.

Les frappes ont en outre visé des infrastructures pétrolières contrôlées par l'EI en Syrie, afin de «dérégler ses sources de financement», selon l'armée américaine.

La contrebande de pétrole est l'une des principales sources de financement des djihadistes qui, selon des experts, pourraient amasser entre un à trois millions de dollars par jour grâce à sa revente à des intermédiaires.

L'EI, dont la montée en puissance a été favorisée par la guerre civile qui ravage la Syrie depuis mars 2011, combat sur d'autres fronts, notamment à Deir Ezzor (est) et près d'Alep contre les forces du régime, ainsi que contre les Kurdes à Hassaka (nord-est).

Gouvernement irakien au complet 

En Irak, où l'EI contrôle de vastes territoires, les frappes ont visé des positions djihadistes près de Baïji (au nord de Bagdad), où se trouve la principale raffinerie de pétrole et autour du barrage stratégique de Mossoul (nord).

Alors que l'armée peine à repousser les djihadistes, le Parlement a approuvé les nominations du député sunnite Khaled al-Obaidi à la Défense, et de Mohammed al-Ghabbane, du bloc chiite Badr, à l'Intérieur.

Ces nominations, qui permettent au pays d'avoir enfin un gouvernement au complet, ont été saluées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry  qui a salué «un pas en avant très positif».

«Il s'agissait de postes cruciaux à attribuer dans le cadre des efforts contre l'EI», a-t-il dit.

Tentant de gagner du terrain, les forces irakiennes ont lancé vendredi plusieurs offensives, dans la région de Tikrit au nord de Bagdad, et dans trois secteurs de Ramadi, partiellement contrôlé par l'EI, dans la province occidentale d'Al-Anbar.

Accusé de crimes contre l'Humanité, l'EI qui compte des dizaines de milliers de combattants dont de nombreux étrangers y compris occidentaux, est responsable de terribles exactions -viols, rapts, exécutions, décapitations- dans le «califat» qu'il a proclamé sur les vastes régions sous son contrôle en Irak et en Syrie.

Pour lutter contre ce groupe, qualifié de «cancer» par le président Barack Obama, les États-Unis ont exclu l'envoi de troupes au sol, mais cherchent à renforcer l'armée et les forces kurdes en Irak, ainsi que la rébellion et les Kurdes en Syrie.