Les femmes sont nombreuses à prendre part au combat contre le groupe État islamique. C'est vrai pour les guerrières kurdes qui combattent en Syrie et en Irak. C'est aussi vrai pour les militaires qui participent aux bombardements aériens contre les extrémistes islamistes. L'une d'entre elles, la pilote émiratie Mariam al-Mansouri, fait les manchettes autour du monde. Pour le meilleur et pour le pire.

Première

Âgée de 35 ans, la major Mariam al-Mansouri est la première femme pilote de chasse de l'armée de l'air des Émirats arabes unis. Lundi dernier, elle a mené le premier bombardement de son pays contre le groupe État islamique en Syrie, selon l'ambassadeur du pays aux États-Unis. Son escadrille était composée de quatre F-16. Elle a été l'une des premières diplômées de l'école de l'air Khalifa ben Zayed en 2007. «Les femmes et les hommes ont le droit de travailler dans tous les domaines, tant qu'ils le font avec loyauté, détermination et persistance», a dit la pilote à la télévision émiratie, en juin.

Propagande

La nouvelle, relayée dans les pays arabes tout comme dans les médias occidentaux, a vite entraîné un torrent de commentaires. Certains félicitent Mme al-Mansouri pour sa bravoure et notent que le groupe État islamique doit être bien insulté de se faire bombarder par une femme arabe sunnite, alors que d'autres se sont moqués de sa présence ou ont avancé que la pilote était un outil de propagande. Deux animateurs de la chaîne américaine Fox ont d'ailleurs dû s'excuser pour leurs blagues sexistes. L'un d'entre eux, Greg Gutfeld, a dit: «Le problème, c'est qu'après avoir bombardé avec l'avion de chasse, elle a été incapable de le stationner.»

Sexisme

Si les Émirats arabes unis ne sont pas aussi répressifs à l'égard des droits des femmes que leur voisin, l'Arabie saoudite, la situation du «deuxième sexe» n'y est pas reluisante. Le dernier rapport annuel de Human Rights Watch rappelle que les hommes peuvent y demander le divorce de manière unilatérale et que les maris ont le droit d'utiliser la violence physique pour discipliner leurs femmes et leurs filles. L'an dernier, une femme d'origine norvégienne a été arrêtée et accusée d'adultère après avoir signalé un viol à la police. Les femmes ont cependant accès à tous les niveaux d'éducation, peuvent conduire et forment 15% de la main-d'oeuvre du pays.

Héritière

Mariam al-Mansouri est loin d'être une anomalie mondiale. En 1936, la Turque Sabiha Gökçen, fille adoptive de Mustafa Kemal Ataturk, a été la première femme à prendre les commandes d'un avion de chasse. Quelques années plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Armée rouge a recruté une centaine de femmes pilotes. Surnommées les Sorcières de la nuit par les nazis, ces dernières volaient à bord d'avions de bois difficilement repérables. Le Canada a été le troisième pays à ouvrir ces positions aux femmes. Aujourd'hui, les femmes forment 18,7% de l'Aviation royale canadienne.