La coalition anti-djihadiste menée par les États-Unis a étendu ses frappes samedi en Syrie et en Irak, où des avions britanniques ont effectué leur première mission de combat.

Parallèlement, le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, a menacé de représailles «dans le monde entier» les pays de cette coalition, dénonçant dans une vidéo leurs frappes contre les djihadistes comme une «guerre contre l'islam».

Les raids aériens, menés par les États-Unis, la Jordanie, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ont visé sept cibles en Syrie et trois en Irak, a indiqué le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (Centcom).

Les frappes ont notamment visé la région syrienne d'Aïn al-Arab, où un bâtiment du groupe extrémiste État islamique (EI) et deux véhicules blindés ont été touchés.

Malgré ces raids --les deuxièmes menés par la coalition internationale cette semaine dans ce secteur-- les jihadistes de l'EI ont attaqué à la roquette la ville kurde d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), poussant plusieurs centaines d'habitants à se réfugier en Turquie voisine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les roquettes, «lancées par l'EI à partir de collines à 8 km à l'est de Kobané», ont fait 12 blessés, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, en soulignant que «c'est la première fois que des roquettes de l'EI atteignent la ville depuis l'offensive lancée par le groupe contre cette région le 16 septembre».

L'avancée des djihadistes vers cette ville -- qu'ils assiègent désormais de trois côtés -- avait alors poussé 160 000 personnes à fuir en Turquie.

Une prise d'Aïn al-Arab, troisième agglomération kurde de Syrie, est cruciale pour l'EI, car elle lui permettrait de contrôler une large portion de la frontière syro-turque sans discontinuité.

Les frappes de la coalition ont par ailleurs endommagé «un aéroport tenu par l'EI, une garnison et un camp d'entraînement près de Raqa», le fief du groupe extrémiste sunnite en Syrie, a ajouté le Centcom. Des raids ont aussi été menés contre des positions de l'EI à Minbej, une des rares villes tenues par les jihadistes dans la province d'Alep (nord).

Renfort britannique

Les raids en Syrie ont débuté mardi, après des frappes similaires depuis août en Irak, et se font maintenant «presque en continu», a souligné un responsable américain sous couvert de l'anonymat.

Les nombreuses exactions, dont la décapitation d'étrangers, menées par l'EI dans les secteurs sous son contrôle, ont amené les États-Unis à mettre en place une coalition internationale visant à «détruire (...) ce réseau de la mort», selon les termes du président américain Barack Obama.

Cette alliance a reçu un renfort de poids vendredi avec la décision du Royaume-Uni de se joindre aux frappes en Irak, où seuls les États-Unis et la France ont pour l'instant ciblé l'EI.

Dès samedi matin, deux chasseurs-bombardiers, des Tornado GR4, ont quitté la base d'Akrotiri, à Chypre, où ils sont revenus après avoir effectué une mission d'environ sept heures, selon le ministère de la Défense. Les avions n'ont toutefois pas mené de bombardement, «aucune cible nécessitant une attaque aérienne immédiate» n'ayant été identifiée.

Le Danemark et la Belgique viennent également de décider de leur participation aux raids en Irak, en déployant chacun des avions de combat F-16.

En Syrie, les Américains ont pour l'heure été aidés par cinq pays arabes, mais la France n'exclurait plus de frapper aussi dans ce pays. La question est «posée», souligne une source au ministère de la Défense.

Washington critiqué par Moscou

Samedi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, allié du régime syrien, a fustigé à la tribune de l'ONU l'interventionnisme militaire américain dans le monde.

«Les interférences militaires sont devenues la norme, et ce malgré le résultat lamentable des opérations militaires menées par les États-Unis ces dernières années», a-t-il dit citant notamment les interventions en Irak et en Libye ou encore l'Afghanistan.

Pour la Russie, les frappes en Syrie revêtent un caractère illégal tant qu'elles ne sont pas effectuées en coordination avec Damas.

Les États-Unis ont explicitement exclu toute participation de Damas à la coalition et soutiennent des factions rebelles considérées comme modérées qui luttent à la fois contre les jihadistes et le régime de Bachar al-Assad.

Selon la Maison-Blanche samedi, la conseillère de Barack Obama à la sécurité nationale, Susan Rice, a rencontré vendredi l'opposition modérée syrienne à Washington, lui apportant son soutien et réaffirmant «que le président Assad a perdu toute légitimité». Le conflit syrien a fait près de 200 000 morts en plus de trois ans.

L'Iran, allié de Damas et de Bagdad, a prévenu pour sa part qu'il n'hésiterait pas à affronter l'EI sur le territoire irakien s'il s'avisait de s'approcher de la frontière iranienne. Le groupe ultra-radical contrôle notamment de larges secteurs de la province de Diyala.

L'armée irakienne, appuyée par des milices chiites, est parvenue samedi, après plusieurs jours de combats, à reprendre un barrage tenu par les djihadistes dans cette province frontalière de l'Iran.