Le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté vendredi la communauté internationale à «renforcer et étendre» son soutien à Bagdad dans sa lutte contre le groupe État islamique (EI), quelques heures après les premiers raids aériens français en Irak contre les positions des jihadistes, qui progressent dans la Syrie voisine.

À New York, lors d'une réunion présidée par le secrétaire d'État américain John Kerry, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration unanime appelant à «renforcer et étendre le soutien au gouvernement irakien dans sa lutte contre l'EI et les groupes armés qui lui sont liés».

Le Conseil «condamne fermement les attaques menées par des organisations terroristes, dont celle opérant sous le nom de +État islamique en Irak et au Levant+ (EIIL, autre nom de l'EI) en Irak, en Syrie et au Liban».

«Cette offensive de grande ampleur représente une menace majeure pour la région», ont ajouté les 15 États membres.

Plusieurs des quelque 40 pays qui font partie de la coalition mobilisée par Washington contre l'EI (France, Canada, Australie, Qatar, Jordanie, Allemagne, Émirats arabes unis, Turquie, Égypte) avaient envoyé leurs chefs de la diplomatie.

Washington a salué la décision de la France de se joindre à la campagne aérienne contre ce groupe responsable des pires exactions dans les régions conquises ces derniers mois à la faveur de l'instabilité en Irak et de la guerre civile en Syrie.

Des avions Rafale ont mené vendredi «une première frappe contre un dépôt logistique des terroristes de l'organisation Daesh (un des acronymes arabes de l'EI)», a indiqué la présidence française. L'objectif a été «entièrement détruit», a-t-elle ajouté.

L'EI prend 40 villages 

Lors de l'annonce de l'engagement français jeudi, le président François Hollande avait dit que son pays n'enverrait pas de troupes au sol et n'interviendrait qu'en Irak. La France se démarque sur ce dernier point des États-Unis, dont la stratégie prévoit des raids aériens en Syrie contre les fiefs du groupe extrémiste sunnite.

En Syrie, l'EI a effectué une importante avancée tout près de la frontière turque, dans le secteur d'Aïn al-Arab (Kobané en langue kurde), troisième ville kurde du pays, en prenant 60 villages kurdes en 48H, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ils ont pris le contrôle d'une «quarantaine de villages pour la seule journée de vendredi. Les combattants kurdes battent en retraite», a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de cette ONG.

«Il y a 800 habitants de ces villages dont le sort est inconnu», a-t-il ajouté.

Fuyant cet assaut et craignant les terribles exactions que cette organisation ultra-radicale fait subir à ceux qui tombent entre ses mains, plus de 5.000 habitants de la région ont fui vers la Turquie voisine, qui a été contrainte d'ouvrir sa frontière.

«La formation prendra des mois»

Fort de quelque 35 000 hommes selon les estimations, l'EI a proclamé un califat sur un territoire à cheval sur l'Irak et la Syrie aussi grand que le Royaume-Uni.

Ayant exclu de déployer des troupes de combat, les États-Unis comptent sur les rebelles syriens modérés pour affronter l'EI sur le terrain. Dans ce but, le Sénat américain a adopté jeudi un plan d'un montant de 500 millions de dollars sur un an pour équiper et entraîner ces rebelles, affaiblis par la double guerre qu'ils mènent contre l'EI et le régime en Syrie.

La formation et l'équipement des rebelles syriens prendront cependant «des mois», a averti Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale du président Barack Obama.

Pour le secrétaire d'État américain, la lutte contre l'extrémisme de groupes armés passe aussi par l'éradication de la pauvreté et la mise en place de politiques de développement.

«Qu'il s'agisse de l'EIIL (État islamique en Irak et au Levant, ancien acronyme pour l'EI), de Boko Haram (au Nigeria) ou des shebab (en Somalie), leur idéologie n'a pas pour projet de construire une nation», a fustigé M. Kerry devant un auditoire de spécialistes des politiques de développement.

Depuis le 8 août, les quelque 178 raids aériens menés par les Américains ont permis aux forces irakiennes et kurdes de reprendre certains secteurs à l'EI au nord de Bagdad, après leur déroute aux premiers jours de l'offensive jihadiste le 9 juin.