Des troupes d'élite irakiennes combattaient mercredi les djihadistes près de Bagdad au moment où le président Barack Obama défendait sa stratégie - raids aériens mais pas de soldats américains au combat - pour «détruire» le groupe de l'État islamique (EI).

Des avions de chasse américains ont frappé trois cibles de l'EI au sud de Bagdad, tuant au moins quatre djihadistes, selon l'armée irakienne et des chefs tribaux.

Ces frappes étaient destinées à soutenir l'armée irakienne, engagée dans des combats avec l'EI depuis mardi dans le secteur de Fadhiliya, à moins de 50 km au sud de Bagdad. Les soldats «ont combattu jusqu'au milieu de la nuit mais ne sont pas parvenus à y pénétrer», a indiqué un chef de la tribu des Janabi, en précisant qu'ils faisaient partie de la «Golden Brigade», réputée pour être la meilleure force du pays.

Plus loin de la capitale, sept personnes sont mortes et un pont stratégique a été détruit mercredi dans un attentat suicide à la voiture piégée à Ramadi, chef-lieu de la province occidentale d'Al-Anbar, où l'armée irakienne affronte l'EI.

Ce pont, le quatrième à être détruit par une attaque à Ramadi, était «le dernier que les civils pouvaient emprunter» pour traverser l'Euphrate, a indiqué un colonel de la police.

Les environs de Bagdad sont devenus ces derniers jours une cible dans la campagne de frappes aériennes américaines, qui se sont étendues depuis le début de la semaine après avoir visé le nord et l'ouest de l'Irak depuis le 8 août.

M. Obama, qui a dévoilé la semaine dernière sa stratégie contre l'EI, s'est rendu mercredi au quartier général du Commandement central pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale (Centcom), basé à Tampa, en Floride.

«Les forces américaines qui ont été déployées en Irak n'ont pas et n'auront pas de mission de combat», a-t-il martelé, un peu plus de deux ans et demi après le retrait des derniers soldats américains d'Irak.

50 morts en Syrie 

«Je ne vous engagerai pas dans une nouvelle guerre au sol en Irak», a-t-il lancé au lendemain de déclarations du général Martin Dempsey, plus haut gradé américain, qui a suggéré que des conseillers militaires pourraient être envoyés au combat.

«Nous utiliserons notre puissance aérienne. Nous entrainerons et équiperons nos partenaires», a déclaré M. Obama après avoir rencontré le général Lloyd Austin, chef du Centcom. «Nous mènerons une vaste coalition de pays qui ont un intérêt dans ce combat car il ne s'agit pas simplement de l'Amérique contre l'EI. Il s'agit du monde qui rejette le brutalité de l'EI».

Les responsables américains ont par ailleurs affiché leur détermination à viser les «sanctuaires» de l'EI en Syrie, où les extrémistes sunnites se sont emparés de larges secteurs à la faveur de la guerre civile. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a annoncé que la campagne aérienne viserait «ses centres de commandement, ses capacités logistiques et ses infrastructures».

Des raids de l'aviation militaire syrienne ont fait au moins 50 morts depuis deux jours à Talbissé (centre), une localité rebelle assiégée depuis deux ans, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Des habitants ont affirmé que les avions avaient largué des «barils d'explosifs» sur la ville où les raids se poursuivaient mercredi.

Mardi, l'EI avait abattu un avion militaire syrien qui était en train de bombarder Raqa (nord), le bastion du groupe djihadiste en Syrie, selon cette même ONG.

Le Conseil des oulémas, la plus haute autorité religieuse en Arabie saoudite, a mis en garde mercredi les Saoudiens qui rallient des groupes djihadistes car «il est interdit (en vertu de la charia) d'aller combattre dans les zones de conflit». Il appelle l'État à «poursuivre en justice les incitateurs (...) qui encouragent la sédition».

Ryad va aussi participer à la formation et à l'équipement des rebelles syriens modérés. «L'Arabie saoudite a accepté d'accueillir des troupes de l'opposition syrienne pour les entraîner et les équiper», a confirmé mercredi M. Obama.

L'Australie et le Canada vont en outre envoyer en Irak des conseillers militaires, tandis que des parachutistes allemands vont entraîner des forces kurdes, a-t-il ajouté.

A l'instar de l'Arabie saoudite, les pays occidentaux sont de plus en plus inquiets de la montée en puissance de ce groupe sunnite radical, craignant que leurs ressortissants partis combattre dans ses rangs ne constituent un danger potentiel une fois revenus au pays.

A cet égard, le directeur général du FBI, James Comey, a rapporté mercredi que Le soutien à l'organisation EI et le nombre de ses combattants ont progressé depuis le début des frappes américaines en Irak.

Les députés français ont approuvé mardi une interdiction administrative de sortie du territoire visant les candidats au djihad en Syrie et en Irak.