Le président Barack Obama a annoncé, mercredi, l'engagement des États-Unis dans une vaste campagne militaire visant à «affaiblir et à détruire» le groupe extrémiste de l'État islamique, autorisant, pour la première fois, des frappes aériennes en Syrie et une augmentation des bombardements en Irak.

«Nous poursuivrons les terroristes qui menacent notre pays, où qu'ils soient, a-t-il déclaré lors d'un discours télévisé diffusé aux heures de grandes écoutes. C'est le coeur de ma présidence: si vous menacez les États-Unis, vous ne pourrez compter sur aucun abri sûr.»

Le président a aussi annoncé qu'il enverra près de 500 militaires supplémentaires pour conseiller les forces de sécurité de l'Irak. Il a aussi demandé au Congrès l'autorisation d'entraîner et d'armer les rebelles syriens qui combattent à la fois l'État islamique et les troupes loyalistes du président Bachar al-Assad.

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L'annonce de M. Obama constitue un virage important pour le président qui, au début de sa carrière politique, s'est fait connaître pour son opposition à la guerre en Irak. Depuis son élection à la présidence, il a réduit les effectifs militaires au Moyen-Orient tout en évitant de se retrouver impliqué dans de nouveaux conflits, comme la guerre civile en Syrie.

L'Arabie Saoudite, un des plus importants alliés des États-Unis au Moyen-Orient, a offert d'accueillir les bases d'entraînements. M. Obama tente de persuader d'autres nations de former une coalition pour attaquer les extrémistes de l'État islamique.

«Ce n'est pas notre guerre personnelle, a déclaré M. Obama. La puissance américaine peut apporter une contribution décisive mais nous pouvons faire cette guerre à la place des Irakiens. Nous ne pouvons pas non plus remplacer nos partenaires arabes pour rendre la région plus sûre. Notre objectif est clair: nous affaiblirons et, à terme, détruirons l'État islamique par une stratégie globale de contre-terrorisme.»

M. Obama a catégoriquement exclu la possibilité d'envoyer des troupes terrestres en Irak ou en Syrie. Il a toutefois reconnu que chaque mission militaire peut être fatale pour les militaires qui l'accomplissent. «Je veux que les Américains comprennent que cet effort sera différent des guerres menées en Irak et en Afghanistan. Il n'y aura pas de troupes américaines terrestres combattant à l'étranger.»

Parlant à la veille de l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2011, le plan d'Obama constitue un aveu que les guerres qu'ont livrées les Américains au Moyen-Orient n'ont pas mis un terme à la menace terroriste émanant de cette région.

La classe politique a réagi favorablement au discours du président Obama.

Le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, s'est félicité que M. Obama «ait finalement commencé à dire ce que la nation avait besoin qu'il dise: détruire la menace terroriste nécessite des gestes décisifs et doit être la principale priorité des États-Unis et des autres pays du monde libre». Toutefois, il a mis en garde la population en affirmant «qu'un discours n'est pas la même chose qu'une stratégie».

Le leader de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a apporté son soutien au président. «J'appuie la décision du président d'agir militairement en Irak et en Syrie pour combattre cette organisation (l'État islamique). J'appuie également sa demande d'obtenir une autorisation supplémentaire pour aider les opposants modérés en Syrie. Mais on peut faire plus.»

Les démocrates se sont serrés les coudes autour du président. «L'État islamique ne se limite pas aux frontières reconnues. Une stratégie visant à vaincre ce groupe doit reconnaître cette réalité. C'est pour cette raison que j'appuie la demande de l'administration pour appuyer les combattants syriens modérés. Si on veut réussir en Syrie en en Irak, on doit pouvoir compter sur un partenaire fiable au sol», a souligné le leader démocrate du comité des forces armées de la chambre des représentants, Adam Smith .

Le président du comité sénatorial sur les forces armées, Carl Levin, estime que la présence de troupes terrestres américaines dans cette région n'est pas nécessaire. «Nous aurions ainsi nourri la propagande des extrémistes», a-t-il dit.