Le président Barack Obama devait annoncer mercredi qu'il est prêt à lancer des frappes aériennes contre l'État islamique «où qu'il soit», laissant entendre qu'il pourrait désormais poursuivre les djihadistes en Syrie après un mois de bombardements en Irak.

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

«Notre objectif est clair: nous affaiblirons, et, à terme, détruirons l'EI», devait déclarer le président américain dans une allocution solennelle visant à préparer l'Amérique à un long combat contre ces djihadistes ultra-radicaux.

«Cette campagne anti-terroriste sera menée grâce à un effort constant et implacable pour frapper l'EI où qu'il soit, en utilisant notre puissance aérienne et notre soutien à des forces partenaires sur le terrain», devait ajouter le président américain, selon des extraits de son discours diffusés par la Maison-Blanche.

Promettant que les États-Unis prendront la tête d'une «vaste coalition», M. Obama devait réaffirmer, lors de ce discours prévu à 21h, à la veille du 13e anniversaire des attentats du 11-septembre, que l'envoi de troupes américaines de combat au sol était exclu.

Washington tente de mobiliser une large coalition internationale contre les djihadistes sunnites qui veulent établir un «califat» à cheval entre l'Irak et la Syrie et ont revendiqué la décapitation de deux journalistes américains.

Après plus de 150 frappes en Irak depuis un mois, le président américain indique donc sa volonté de poursuivre l'effort militaire en Syrie voisine.

L'administration Obama se trouve cependant dans une position beaucoup plus délicate en Syrie, où elle a désormais un ennemi commun avec le président Bachar al-Assad.

Lors d'une conversation téléphonique, M. Obama et le roi Abdallah d'Arabie saoudite ont souligné mercredi qu'une opposition syrienne modérée plus forte était «essentielle» pour faire face aux djihadistes ainsi qu'au régime Assad «qui a perdu toute légitimité».

Le président américain a par ailleurs personnellement appelé des parlementaires pour qu'ils lui donnent formellement l'autorisation d'équiper et d'entraîner les rebelles syriens. Signe de la sensibilité politique du sujet, les républicains se réuniront jeudi matin à huis clos pour débattre de la marche à suivre.

Conférence sur l'Irak à Paris

Les États-Unis ont reçu l'appui de nombreux pays, comme la France, qui organisera lundi à Paris une conférence sur l'Irak, à laquelle participera M. Kerry. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a précisé mercredi que la France, participerait «si nécessaire» à une action militaire aérienne en Irak.

À Bagdad, John Kerry, qui a entamé une tournée destinée à mettre en place une coalition internationale contre les djihadistes, a affirmé que l'armée irakienne, mise en déroute par l'EI au cours de ces derniers mois, serait «reconstituée et entraînée» avec l'aide des États-Unis et d'autres pays.

«Notre coalition internationale réussira à éliminer la menace en Irak, dans la région et dans le monde», a lancé M. Kerry à quelques heures de l'allocution de M. Obama.

Le chef de la diplomatie américaine a, comme le président, écarté l'idée d'envoyer des troupes de combat, «à moins bien sûr qu'il ne se passe quelque chose de très, très grave».

Sa visite a été marquée par un double attentat à Bagdad qui a fait au moins 19 morts.

Après Bagdad, M. Kerry se rendra mercredi soir à Amman puis jeudi à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite. Il y rencontrera les chefs de la diplomatie des six monarchies arabes du Golfe ainsi que des représentants d'Irak, de Jordanie, d'Égypte et de Turquie.

Les Américains veulent notamment obtenir le soutien des monarchies du Golfe qui, après avoir été accusées de financer des groupes radicaux, ont pris récemment conscience de la menace que représente l'EI pour leur propre stabilité.

Deux Américains sur trois pour les frappes

Sur le terrain, les États-Unis mènent depuis le 8 août des frappes dans le nord irakien qui se sont révélées déterminantes dans la reprise par l'armée et les forces kurdes de certains secteurs.

La perception de la menace a changé aux États-Unis depuis la décapitation de deux journalistes, James Foley et Steven Sotloff. Selon un sondage réalisé pour le Washington Post et ABC News, plus de deux tiers des Américains soutiennent désormais des frappes aériennes américaines en Irak.

En Syrie, un important groupe rebelle islamiste, Ahrar al-Cham, a nommé mercredi une nouvelle direction au lendemain d'un attentat non revendiqué ayant tué au moins 47 de ses chefs politiques et militaires à Idleb (nord-ouest).

Cet attentat a notamment tué le chef charismatique du groupe, Hassan Abboud, connu sous le nom d'Abou Abdallah al-Hamawi.

L'élimination de la direction de ce mouvement devrait entraîner une recomposition de la rébellion car le Front islamique, dont Ahrar al-Cham était la principale composante, combat non seulement les forces du régime mais aussi l'EI.

«L'EI est le principal bénéficiaire de ces meurtres car Ahrar al-Cham est la plus importante composante des forces rebelles à lui être hostiles dans le nord» de la Syrie, a estimé Noah Bonsey, un analyste d'International Crisis Group.