En promettant un plan d'action contre l'État islamique, le président Barack Obama, qui espérait tourner la page de l'engagement militaire américain au Moyen-Orient, s'implique jusqu'à la fin de son mandat dans un combat à l'issue incertaine.

A la veille du 13e anniversaire des attentats du 11-septembre, M. Obama présentera mercredi soir, lors d'une allocution solennelle depuis la Maison-Blanche, la stratégie des États-Unis pour «affaiblir et, à terme, détruire le groupe terroriste».

«Une décennie de guerre s'achève», lançait-il à l'aube de son deuxième mandat, lors de sa prestation de serment sur les marches du Capitole en janvier 2013, évoquant le retrait d'Irak et d'Afghanistan.

Moins de deux ans plus tard, la donne a profondément changé.

Même si l'engagement est de nature différente et que la Maison-Blanche exclut catégoriquement l'envoi de troupes américaines au sol, le constat est là: les États-Unis se lancent dans une opération militaire qui pourrait se prolonger au-delà du départ de M. Obama de la Maison-Blanche, début 2017.

«Cela prendra peut-être un an, peut-être deux, peut-être trois», reconnaissait il y a quelques jours en marge du sommet de l'OTAN le secrétaire d'État américain John Kerry.

Si la portée exacte de cette campagne contre le «cancer» de l'EI reste à préciser - la question centrale reste celle d'éventuelles frappes sur le territoire syrien - le schéma général est connu: frappes aériennes en soutien au travail sur le terrain des troupes irakiennes et kurdes.

Et quelle que soit la coalition internationale que M. Kerry - qui entame cette semaine une vaste tournée au Moyen-Orient - mettra sur pied, les États-Unis joueront un rôle centrale, l'aviation américaine sera en première ligne.

Après quelque 150 frappes, initialement dans le nord de l'Irak et étendues ce week-end à l'ouest du pays, destinées à protéger les installations américaines, M. Obama a expliqué dimanche vouloir passer à une phase plus offensive.

Si les djihadistes ultra-radicaux parviennent à «contrôler des pans importants de territoire, à amasser plus de ressources et d'armes et à attirer plus de combattants étrangers», ils pourraient, à terme, devenir une réelle menace aux États-Unis, a-t-il mis en garde.

Deux tiers des Américains pour les frappes  

Preuve de ce changement de paradigme, M. Obama a reconnu que pour mener à bien la lutte contre un groupe «qui n'a pas sa place au XXIe siècle», les États-Unis devraient débloquer des ressources «supérieures» à celle qu'ils consacrent actuellement à la région.

La perception de la menace a aussi changé au sein de la population américaine depuis la décapitation de deux journalistes américains - James Foley et Steven Sotloff - revendiquée par l'EI qui a diffusé les vidéos de leur exécution.

Selon un sondage réalisé pour le Washington Post et ABC News, plus de deux tiers des Américains (71%) soutiennent désormais des frappes aériennes américaines en Irak visant l'EI, contre 54% il y a trois semaines et 45% seulement en juin.

Plus d'un Américain sur deux juge par ailleurs que le président a été trop prudent face à l'avancée fulgurante des djihadistes en Irak et en Syrie.

«Il est temps que le président Obama fasse preuve de leadership» en présentant une véritable «stratégie», a estimé mardi le sénateur républicain Mitch McConnell.

«Il doit fixer des objectifs militaires et expliquer comment ils seront atteints», a-t-il lancé quelques heures avant de rencontrer M. Obama à la Maison-Blanche en compagnie de plusieurs autres hauts responsables du Congrès.

L'exécutif américain a laissé entendre qu'il n'entendait pas solliciter le feu vert du Congrès pour cette nouvelle phase militaire et les dirigeants parlementaires - démocrates comme républicains - semblaient peu enclins à réclamer un vote en pleine période électorale.

A Washington, la volonté d'intensifier la campagne militaire contre l'EI dépasse désormais le seul cercle des faucons interventionnistes. Le sénateur républicain Rand Paul, traditionnellement réfractaire aux engagements militaires à l'étranger, s'est récemment rallié aux appels pour anéantir les djihadistes qui veulent établir un «califat» à cheval entre l'Irak et la Syrie.