Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a décidé lundi à l'unanimité d'envoyer une mission pour enquêter sur les atrocités commises par les jihadistes de l'État islamique (EI) en Irak afin de lutter contre leur impunité.

Une résolution en ce sens, demandée par Bagdad et Paris, a été adoptée à l'unanimité par les 47 États membres du Conseil, lors d'une réunion extraordinaire sur les atrocités commises par l'État islamique.

«Nous sommes face à un monstre terroriste», a déclaré le ministre irakien des droits de l'homme, Mohammed Shia al-Sudani.

«Les actes de l'EI constituent une menace non seulement pour l'Irak, mais aussi pour la région et le monde», a-t-il ajouté, parlant d'un «danger imminent pour tous les pays».

«Les rapports que nous avons reçus révèlent des actes à une échelle d'inhumanité qui est inimaginable», a affirmé de son côté Flavia Pansieri, Haut-Commissaire adjointe de l'ONU aux droits de l'homme, citant des assassinats ciblés, des conversions forcées, des enlèvements, de l'esclavage, de la torture et la persécution systématique pour des raisons religieuses et ethniques.

Depuis le 9 juin, des insurgés sunnites menés par les djihadistes ultra-radicaux de l'EI se sont emparés de larges pans de territoires en Irak, multipliant les exactions et poussant à la fuite des centaines de milliers d'habitants.

Selon l'ONU, qui dénonce des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et un «nettoyage ethnique et religieux», les chrétiens, les Yazidis, les Shabaks, les Turcomans, les Kaka'e et les Sabéens figurent parmi ceux qui sont «directement ciblés».

Dans ce contexte, «divers groupes suivent intentionnellement des actions qui sont contraires au droit humanitaire et international pour des motifs ethniques et religieux. C'est un crime contre l'humanité», a conclu Mme Pansieri, dénonçant aussi les exécutions perpétrées par les forces de sécurité irakiennes et les milices anti-EI.

De son côté, l'ONG UN Watch a regretté que les enquêteurs n'auront pas pour mission d'enquêter sur les crimes du gouvernement irakien.

11 enquêteurs sur place dans quelques semaines 

La résolution adoptée par le Conseil exhorte toutes les parties à respecter le droit international, à protéger les civils et à répondre à leurs besoins, en offrant aux travailleurs humanitaires un «accès sûr» aux populations affectées.

Elle demande au Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme «d'envoyer d'urgence une mission en Irak pour enquêter sur les allégations de violations et abus des droits de l'Homme commis par l'EI et les groupes terroristes qui lui sont associés» afin de lutter contre leur impunité.

L'ONU espère que ses 11 enquêteurs pourront être sur le terrain d'ici quelques semaines, a précisé un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville. Ils devront recueillir des preuves en vue d'éventuelles poursuites en justice devant un tribunal, comme la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il précisé.

Les enquêteurs devront faire part de l'avancée de leurs travaux dès la prochaine session régulière du Conseil (8 au 26 septembre), et présenter un rapport écrit lors de la 28e session du Conseil, en février/mars 2015.

«Tous les États doivent s'unir contre cette menace», a souligné le représentant iranien auprès de l'ONU à Genève, Mohsen Naziri Asl, tandis que le représentant russe, Alexey Borodavkin, a relevé que son pays allait continuer de donner «à l'Irak des armements modernes».

Plus de 1,8 million de personnes ont été déplacées par les violences en Irak cette année, selon l'ONU.

Sur le plan diplomatique, le président français François Hollande a récemment proposé de réunir une conférence internationale à Paris sur la sécurité en Irak et la lutte contre l'EI, qui a proclamé fin juin un «califat» sur les régions qu'il contrôle en Syrie et en Irak.