Les forces kurdes, aidées par l'aviation américaine, ont repris dimanche le plus grand barrage d'Irak aux djihadistes de l'État islamique (EI) qui sont également sous le feu de l'aviation syrienne de l'autre côté de la frontière.

L'EI doit aussi faire face à une contre-offensive de tribus sunnites dans l'ouest irakien.

«Le barrage de Mossoul a été complètement libéré», a déclaré Ali Awni, un responsable du principal parti kurde irakien, ajoutant que les combats se déroulaient désormais à Tal Kayf, une localité aux mains des djihadistes à une centaine de km à l'est du barrage.

Un responsable de l'armée a assuré que les combats avaient cessé, précisant que certaines zones restaient inaccessibles en raison des bombes laissées par les insurgés.

Les forces kurdes avaient lancé samedi une offensive pour reprendre le contrôle de ce barrage qui fournit de l'eau et de l'électricité à la majeure partie de la région, et dont s'étaient emparés les djihadistes le 7 août.

Les États-Unis, qui ont commencé des raids le 8 août contre les positions de l'EI, ont appuyé l'offensive kurde en menant 23 frappes en deux jours qui ont détruit ou endommagé des véhicules militaires et un poste de contrôle de l'EI.

L'Irak est plongé dans le chaos depuis le début le 9 juin d'une offensive d'insurgés sunnites menés par l'EI au nord de Bagdad, qui s'est étendue début août dans le nord de l'Irak, poussant à la fuite quelque 200 000 personnes, dont une majorité de Yazidis, une communauté kurdophone non-musulmane, et de chrétiens.

Ces djihadistes ont réussi à s'emparer de larges pans du territoire irakien dans le nord, l'ouest et l'est face à une armée en déroute, et sont également présents dans le conflit multiforme qui déchire la Syrie voisine.

Frappes en Syrie

Ils y affrontent à la fois la rébellion syrienne et le régime de Damas, qui a mené dimanche 43 raids contre des positions de l'EI dans le nord et l'est syrien, tuant 31 djihadistes.

L'opposition syrienne a appelé les Occidentaux, États-Unis en tête, à intervenir contre l'EI en Syrie comme ils le font en Irak.

Fort de ses succès en Irak et en Syrie, l'EI a proclamé fin juin un califat à cheval entre les deux pays sur les zones qu'il contrôle et où il est accusé de persécution des minorités, d'exécutions sommaires et de viols.

La communauté internationale s'est mobilisée pour aider les déplacés vivant dans des camps du nord du pays, notamment dans la région autonome du Kurdistan, souvent dans des conditions déplorables.

À Dohuk, les habitants ont fourni aux réfugiés des matelas et des vivres. Mais la nourriture ne suffit pas pour le nombre croissant de déplacés. Il n'y a qu'un seul repas par jour et il n'y a pas non plus d'accès à des soins médicaux.

Contre-offensive dans l'ouest

Dans l'ouest de l'Irak, dans la province d'al-Anbar, les djihadistes de l'EI sont confrontés depuis vendredi à une contre-offensive menée par une coalition de plus d'une vingtaine de tribus sunnites, appuyée par les forces de sécurité.

Les djihadistes contrôlent de nombreux secteurs de cette province majoritairement sunnite.

Un commandant de la police, Ahmed Sadag, a indiqué que les combattants des tribus et les forces gouvernementales avaient repoussé les djihadistes hors des secteurs qu'ils tenaient à l'ouest de la capitale provinciale Ramadi, et que des combats avaient lieu dans d'autres zones, dont la ville stratégique de Haditha, plus au nord.

Pour tenter de freiner l'avancée de l'EI, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi une résolution visant à empêcher le recrutement et le financement de djihadistes en Irak et en Syrie.

L'Union européenne a, elle, approuvé les livraisons d'armes aux combattants kurdes, déjà lancées par les États-Unis et la France.

Vendredi, les djihadistes sont entrés dans le village de Kocho, à plus de 150 km au sud-ouest de Mossoul, et ont tué «environ 80 personnes», en majorité des Yazidis, a indiqué le responsable irakien Hoshyar Zebari, dénonçant un «massacre».

Kocho est situé près de la ville de Sinjar, dont les djihadistes s'étaient emparés le 3 août.