Le ministre des Affaires étrangères affirme que le Canada appuie entièrement les frappes aériennes américaines contre les extrémistes dans le nord de l'Irak, mais une Canadienne qui revient tout juste de cette région troublée estime que le gouvernement canadien pourrait en faire beaucoup plus sur le front humanitaire.

Le ministre John Baird a déclaré, vendredi, que le gouvernement fédéral n'avait pas reçu de demande d'assistance militaire dans le nord de l'Irak. Il a toutefois indiqué que des responsables, dont l'ambassadeur du Canada en Irak - qui travaille à partir de la Jordanie -, tenteraient de déterminer la meilleure façon d'aider le peuple irakien.

Le gouvernement canadien pourrait commencer par établir, par ses propres moyens ou par le biais d'organisations internationales, des cliniques médicales dans les camps de réfugiés de la région d'Erbil, a estimé Amy Ball, vice-présidente de DS World Sentry, une organisation qui fournit de la formation et une assistance dans les zones de conflit.

«Je ne sais pas trop ce qu'on peut attendre du Canada à cet égard», a déclaré Mme Ball, qui est revenue d'Erbil le 31 juillet après avoir tenté sans succès d'organiser une livraison d'hélicoptères pour le transport ambulancier et l'industrie du pétrole et du gaz. «La présence canadienne en Irak a toujours été plutôt discrète.»

Des avions de chasse américains ont bombardé, vendredi, des positions des jihadistes de l'État islamique qui menaçaient les forces kurdes protégeant Erbil, une ville de 1,5 million d'habitants.

Dans un communiqué, M. Baird a condamné les actions menées par les extrémistes et a appelé à l'unité politique en Irak, où les politiques du premier ministre Nouri al-Maliki ont attisé les tensions intercommunautaires.

«Le Canada condamne avec la plus grande fermeté le massacre répugnant de civils innocents dans le nord de l'Irak, y compris de femmes et d'enfants de confession chrétienne, yézidie ou autre», a déclaré le ministre.

«Le Canada appuie la lutte du gouvernement de l'Irak contre l'État islamique et exhorte les dirigeants irakiens à collaborer en vue de représenter tous les Irakiens, quelle que soit leur religion, au nom de la sécurité, de la démocratie et de la prospérité de la population irakienne.»

Mme Ball a qualifié la déclaration de M. Baird de «platitude» sans grande substance. Faire pression pour établir des cliniques, que ce soit par l'entremise des Nations unies ou en déployant l'Équipe canadienne d'intervention en cas de catastrophe, serait une mesure beaucoup plus concrète, a-t-elle estimé.

Le conflit dans le nord de l'Irak couve depuis des mois, poussant jusqu'à 400 000 personnes à trouver refuge dans la région autonome kurde, principalement autour d'Erbil. Selon l'ONU, jusqu'à 50 000 membres de la minorité yézidie se sont retrouvés coincés sur une montagne de la région jusqu'à ce que les forces kurdes parviennent à ouvrir un couloir humanitaire vendredi.