La date des plaidoiries finales au procès d'Oscar Pistorius, jugé depuis mars pour le meurtre de sa petite amie le 14 février 2013, a été fixée mardi aux 7 et 8 août, laissant un mois à la défense et à l'accusation pour préparer leurs dernières cartes.

«L'affaire est donc renvoyée jusqu'aux 7 et 8 août», a déclaré la juge sud-africaine Thokozile Masipa, après que la défense du champion paralympique sud-africain a signifié qu'elle en avait terminé avec ses témoins.

L'audience a duré moins de quinze minutes.

Mme Masipa, qui sera seule à juger de la culpabilité de Pistorius, avec le conseil de deux juges assesseurs, attend maintenant les mémorandums écrits de l'accusation et celui de la défense, respectivement le 30 juillet et le 4 août.

Elle a rappelé que ces documents, ramassant les arguments à charge et à décharge conformément à la procédure pénale sud-africaine, étaient frappés du secret le plus strict.

Quiconque transgressant la règle «nuit à la justice et est un voleur», a-t-elle prévenu, alors que le procès connaît un retentissement médiatique sans précédent dans les annales judiciaires sud-africaines, propice à toutes les manipulations.

Dimanche, une télévision australienne a diffusé les images - obtenues illégalement selon la défense - d'une reconstitution vidéo de la nuit du drame où Pistorius joue son propre rôle, dans une séquence épousant fidèlement sa thèse d'un accident.

Déclaré sain d'esprit et pénalement responsable, le sportif de 27 ans, premier homme handicapé à courir avec des valides aux Jeux olympiques, à Londres en 2012, plaide non coupable.

Il est passible de la prison à vie, soit une peine de 25 ans de réclusion incompressible.

Il affirme depuis le début qu'il a tué Reeva Steenkamp par erreur, croyant faire feu sur un cambrioleur retranché derrière la porte de ses toilettes.

Une carrière sportive ruinée

«Je n'avais pas l'intention de tuer Reeva, ni personne d'autre», a-t-il affirmé à la barre en avril, se retranchant derrière la thèse d'une action involontaire, qui au passage a ruiné sa carrière sportive et l'a acculé financièrement.

Son gérant, son médecin sportif et plusieurs experts se sont succédé à la barre depuis avril pour le défendre et justifier sa réaction lorsqu'il s'est cru attaqué chez lui en pleine nuit dans un pays où la criminalité violente est élevée.

«Hyperanxieux» depuis l'enfance, hanté par la peur du cambriolage et physiquement diminué sans ses prothèses qu'il avait ôtées pour dormir, Pistorius avait toutes les raisons de se sentir vulnérable et d'ouvrir le feu, selon eux.

Il n'avait en revanche aucune raison de vouloir tuer la jolie jeune femme de 29 ans dont il avait fait l'élue de son coeur.

Pur mensonge, a balayé l'accusation qui soutient que Pistorius a abattu la jeune mannequin dans un accès de colère et s'était déjà disputé avec elle.

Le procureur Gerrie Nel a produit le témoignage de voisins réveillés dans la nuit par du bruit et les cris à glacer le sang de la jeune femme, et joint au dossier des textos inquiets retrouvés dans le portable de la victime.

Elle a aussi versé au dossier des infractions à la législation sur le port d'armes commises avant le meurtre, prouvant la nature impulsive et instable de Pistorius, ainsi que sa dangereuse obsession pour les armes à feu.

Après les plaidoiries, la juge n'annoncera pas immédiatement son verdict, ni la sentence, mais se retirera aussi longtemps que nécessaire pour réfléchir.

Né sans péronés, Pistorius a été amputé des pieds à l'âge de onze mois, équipé de prothèses et poussé malgré son handicap vers le sport à haute dose, comme tous les petits Sud-Africains blancs de son âge.

C'est après une blessure au rugby qu'il s'est tourné vers l'athlétisme à l'adolescence, s'imposant comme une bête de compétition, accumulant les trophées (six médailles entre 2004 et 2012) et obtenant l'homologation de ses prothèses en forme de pattes de félin après une bataille mémorable devant la justice sportive.

Fierté de l'Afrique du Sud, la carrière de Pistorius a fait faire un bond de géant à la reconnaissance des handicapés dans le monde du sport. Le meurtre a brisé le rêve de millions d'admirateurs habitués à voir en lui un héros et un être charitable, enchaînant les couvertures flatteuses et les exhibitions de prestige.