Le procès de l'athlète paralympique sud-africain Oscar Pistorius s'est intéressé mardi au témoignage d'un acousticien qui a mis en doute la nature des cris entendus par ses voisins la nuit du meurtre, avant de donner la parole à son agent.

L'accusation tente de prouver que Reeva Steenkamp, la victime, a crié avant que l'athlète ne la tue le 14 février 2013 au cours d'une dispute.

La défense prétend au contraire que seul Oscar Pistorius a crié, d'abord pour intimer l'ordre au cambrioleur qu'il croyait retranché dans sa salle de bains de quitter les lieux, puis pour appeler à l'aide, et que le sportif aurait abattu son amie par accident, en tirant sur la porte des toilettes où il pensait que le cambrioleur s'était réfugié.

«Nous avons quatre personnes qui ont identifié le son de la voix d'une femme, nous n'avons aucune exception», a souligné le procureur Gerrie Nel à l'adresse de l'acousticien.

Ce dernier affirme que scientifiquement, il est peu probable qu'à 177 mètres de distance, le couple de voisins ayant témoigné de hurlements à glacer le sang ait pu entendre un cri, «et encore moins interpréter la source sonore de façon fiable».

«Je crois qu'ils ont entendu un bruit, mais je ne peux pas dire s'ils ont raison ou tort. Ce n'est pas à moi d'interpréter cela», a insisté l'ingénieur.

Gerrie Nel lui a ensuite demandé s'il pensait que les témoins à charge mentaient. «Pas du tout», a-t-il balbutié, après que le procureur lui ait reproché des mesures bâclées, réalisées seulement la semaine dernière et sans tenir compte de la construction de nouvelles maisons autour du domicile de Pistorius depuis l'an dernier.

La Cour a ensuite entendu mardi l'agent de Pistorius, Peter Van Zyl. «Je ne me souviens que de deux cas précis où Pistorius a perdu son sang-froid, mais je n'irais pas jusqu'à parler d'agressivité», a-t-il insisté.

Selon M. Van Zyl, Oscar Pistorius a voulu impliquer Reeva Steenkamp dans sa vie plus que toute autre petite amie et entretenait avec elle «une relation aimante et attentionnée».

Le procureur Gerrie Nel, surpris de voir M. Van Zyl appelé à la barre, a demandé un ajournement prématuré de l'audience pour préparer son contre-interrogatoire.

Au passage, il a pris le temps de rappeler au tribunal que Samantha Taylor, une ex-petite amie d'Oscar Pistorius, avait été personnellement témoin de plusieurs dérapages ou écarts de comportement du sportif.

Mercredi, il devrait revenir sur le sujet et cuisiner l'agent sur les frasques d'un client souvent décrit comme égocentrique, instable et colérique.

Oscar Pistorius, 27 ans, risque 25 ans de prison s'il est reconnu coupable de l'assassinat de son amie Reeva Steenkamp, un mannequin qu'il fréquentait depuis trois mois.

Lundi, il a été déclaré sain d'esprit et pénalement responsable de ses actes, à l'issue d'une longue suspension d'audience pour permettre à trois psychiatres et un psychologue de l'examiner.

Lorsque la défense aura appelé ses derniers témoins, ce qui pourrait durer jusqu'à la fin de la semaine, la défense et l'accusation prépareront leurs conclusions, qu'ils soumettront par écrit à la juge Thokozile Masipa.

Les audiences reprendront ensuite pour que le procureur Gerrie Nel et l'avocat de la défense Barry Roux puissent répondre aux questions de la juge Masipa, avant qu'elle-même ne se retire pour préparer son verdict.