Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, en pleurs, a présenté ses excuses lundi pour la mort de sa petite amie Reeva Steenkamp qu'il a abattue de quatre balles en février 2013, avant que le procès ne soit interrompu et ajourné à mardi, compte tenu de l'épuisement de Pistorius.

Le procès d'Oscar Pistorius a été ajourné à demain, à la demande de sa défense qui a fait valoir qu'il était «vraiment épuisé».

«Si ce n'est pas la même chose tous les jours et que le procès peut avancer, je n'ai pas d'objection», a réagi le procureur Gerrie Nel. «Il a l'air épuisé», a aussi admis la juge Thokozile Masipa, alors que Pistorius, revenu de la pause déjeuner, s'exprimait depuis trois quarts d'heure environ.

S'exprimant pour la première fois en public depuis le drame, il a expliqué au tribunal de Pretoria qu'il était sous médicaments, qu'il avait perdu du poids et qu'il souffrait depuis de «terribles cauchemars».

«Je me réveille la nuit avec l'odeur du sang», a-t-il témoigné.

«Je veux saisir cette occasion pour présenter mes excuses à M. et Mme Steenkamp. (...) J'ai essayé de coucher mes mots sur le papier pour vous écrire, mais les mots ne suffiront jamais», a-t-il déclaré.

June Steenkamp, la mère de Reeva, est restée de marbre.

Pistorius, qui a toujours soutenu qu'il croyait tirer sur un cambrioleur lorsqu'il a abattu son amie, a poursuivi: «J'essayais seulement de protéger Reeva, je veux que les gens sachent qu'elle était aimée quand elle est allée se coucher ce soir-là».

Interrogé sur sa famille, son enfance et sa carrière sportive par son avocat Barry Roux, Oscar Pistorius s'est ensuite repris.

L'athlète, âgé de 27 ans, affirme qu'il a tué par erreur le mannequin de 29 ans à 3 h 17 au matin de la Saint-Valentin 2013, la prenant pour un cambrioleur caché dans ses toilettes.

L'accusation croit au contraire qu'il l'a abattue sciemment et a produit des témoignages troublants pendant les quinze premières journées de ce procès ultra-médiatisé devant un tribunal de Pretoria.

Le début de l'audience, lundi, avait été consacré au témoignage du médecin légiste Jan Botha, cité par la défense.

S'appuyant sur des articles scientifiques, le Dr Botha a mis en cause les conclusions de son confrère Gert Saayman, cité par l'accusation. Celui-ci avait trouvé les reliefs d'un repas avalé vers 1 h du matin par Reeva Steenkamp, le 14 février 2013, ce qui contredit la version de Pistorius, qui affirme que le couple s'était tranquillement couché la veille vers 22 h.

Jan Botha, qui n'a pas lui-même examiné la victime, a estimé qu'il ne fallait pas être «dogmatique» dans le calcul du temps nécessaire à la digestion avant un décès, et que les médecins légistes ne pouvaient qu'«observer». Selon lui, il s'agit d'une «science hautement sujette à controverse et inexacte».

Un vif contre-interrogatoire

L'ingestion du dernier repas «aurait pu avoir lieu une heure ou deux (avant la mort), elle aurait pu avoir eu lieu bien plus tôt», a noté le médecin légiste, qui dit avoir procédé pendant sa carrière à plus de 25.000 autopsies.

Dans un vif contre-interrogatoire, le procureur Gerrie Nel lui a cependant fait dire que le rythme de digestion de Reeva Steenkamp était a priori «normal», citant des articles montrant que les estomacs sont tous vidés dans les six heures.