L'audience la plus attendue au procès pour meurtre d'Oscar Pistorius, avec la déposition probable à la barre du champion paralympique sud-africain pour la première fois, a été reportée au 7 avril en raison d'un magistrat malade.

«L'affaire est reportée au lundi 7 avril à 9 h 30 (3 h 30, heure de Montréal)», a déclaré la juge Thokozile Masipa, en expliquant : «L'un de mes assesseurs ne se sent pas bien».

Le défilé des témoins de l'accusation a pris fin mercredi, et la parole doit maintenant passer à la défense. Le code de procédure en Afrique du Sud permet à l'accusé d'intervenir le premier dans ce cas.

Sur un strict plan légal, Oscar Pistorius n'est pas obligé de s'exprimer au tribunal.

Mais, «s'il ne témoigne pas, la cour pourra lui reprocher de n'avoir pas pu tester sa version durant le contre-interrogatoire» du parquet, a expliqué à l'AFP un avocat connu du barreau du Cap William Booth.

«Quand on admet avoir tiré et qu'on se justifie par la légitime défense, on peut éviter de témoigner s'il y a un autre témoin, mais dans son cas, il était seul», ajoute Me Booth.

Le témoignage de Pistorius est d'autant plus attendu que l'athlète paralympique, six fois médaillé d'or, n'a pas dit un mot en public depuis la mort de Reeva Steenkamp le 14 février 2013, sinon pour plaider non coupable, d'une voix fluette, le 3 mars dernier au premier jour de son procès.

Le procès devait s'achever initialement le 20 mars. Il pourrait maintenant déborder au moins sur la deuxième quinzaine de mai.

Depuis le début, Oscar Pistorius, vedette planétaire pour avoir auréolé le handisport d'une gloire auparavant réservée aux seuls sportifs valides et bien portants, explique qu'il a ouvert le feu en croyant tirer sur un cambrioleur caché dans ses toilettes.

Jusqu'à présent, le jeune homme de 27 ans a délégué à son avocat le soin de lire ses deux dépositions, quasi identiques, l'une en 2013 et l'autre ce mois-ci.

Il risque gros en prenant la parole lui-même. «Toute personne qui témoigne devant un tribunal subit de la pression. Chaque mot compte et peut être retenu contre vous», ajoute Me Booth.

À plusieurs reprises, dans le box des accusés, l'athlète a fondu en larmes, rougit, vomit, semblant perdre la maîtrise de son corps et de ses émotions.

Question piège

En outre, des preuves ou des témoignages se sont accumulés contre lui en quinze jours d'audience. Des hurlements de femme ont réveillé des voisins, la lumière était allumée selon eux, alors que Pistorius affirme avoir paniqué et tiré dans le noir.

Le médecin légiste estime que la victime a mangé à une heure où elle était censée dormir. Des textos de Reeva ont révélé qu'elle avait peur de ses scènes de jalousie.

«Beaucoup, beaucoup de gens s'envoient ce genre de messages, sans qu'ils ne finissent par s'entretuer», souligne M. Booth. «En soi, cela ne dit pas grand-chose. C'est la somme de tout : la personnalité agressive, l'usage des armes à feu, etc.».

Surtout, l'expertise balistique de la police a conclut que Reeva était encore en vie après avoir été touchée d'une première balle à la hanche. Avant de succomber à une balle dans la tête, elle a placé instinctivement ses mains sur la tête pour se protéger et dans ce scénario, elle a sans doute pu crier avant de mourir «S'il n'y avait eu qu'un seul tir, cela aurait été différent», poursuit Me Booth. Mais, «quatre balles tirées dans une petite pièce à travers une porte, ça c'est un problème».

Le type de munitions utilisées, des balles expansives qui causent un maximum de dégâts, ne laissait presque aucune chance à sa victime, Reeva ou le cambrioleur.

La question piège pour lui sera de savoir quelle était son intention au moment de tirer.

Même si Pistorius n'avait pas l'intention de tuer Reeva, le parquet soutient qu'il avait certainement l'intention de tuer la personne qu'il croyait derrière la porte, et le procureur Gerrie Nel lui demandera certainement quel était son but en tirant quatre fois.

Oscar Pistorius qui n'a pas repris la compétition depuis le drame, risque la peine maximum - 25 ans incompressible - si le tribunal conclut au meurtre prémédité.