Le président et fondateur de la chaîne américaine Fox News, Roger Ailes, a suggéré au printemps 2011 à l'ancien directeur de la CIA, David Petraeus, de se présenter à la présidentielle contre Barack Obama, a rapporté mardi le Washington Post.

Le dirigeant de la chaîne de télévision conservatrice a transmis son message à M. Petraeus à Kaboul, quand ce dernier y dirigeait les forces de l'OTAN en Afghanistan, par l'intermédiaire d'un entretien mené par Kathleen McFarland, consultante de Fox sur la sécurité nationale et ancienne porte-parole du Pentagone.

L'article du Post, signé du journaliste d'investigation Bob Woodward, célèbre depuis l'affaire du Watergate, cite un enregistrement de cet entretien entre Mme McFarland et M. Petraeus.

M. Ailes suggère à M. Petraeus de refuser la proposition du démocrate Barack Obama de prendre la tête de l'agence de renseignement, et même de démissionner, sauf si le président le nommait chef d'état-major interarmées, le poste le plus haut gradé de l'armée américaine.

«Si on vous propose d'être chef d'état-major interarmées, prenez. Si on vous propose quelque chose d'autre, ne prenez pas. Démissionnez dans six mois et présentez-vous à la présidentielle» du 6 novembre 2012, aurait dit M. Ailes à Petraeus, via Mme McFarland.

M. Ailes a aussi évoqué la possibilité que le propriétaire de Fox, Rupert Murdoch, puisse «financer» la campagne de M. Petraeus.

Mais M. Petraeus n'a pas suivi le conseil de Fox et a accepté d'être nommé directeur de la CIA en septembre 2011, avant d'en démissionner le 9 novembre dernier pour une liaison extraconjugale avec sa biographe.

M. Ailes reconnaît dans le Post avoir demandé à Mme McFarland de suggérer à M. Petraeus d'être candidat à la présidentielle, mais il minimise la portée de son message. «Cela relevait plutôt de la blague, de mon côté "monsieur je sais tout" (...) Je pensais que le parti républicain aux primaires (remportées par Mitt Romney) avait besoin d'être secoué et que M. Petraeus pouvait être un bon candidat».

M. Petraeus aurait aussi confié à Mme McFarland être attiré par la CIA, car «nous sommes en retrait militairement» alors que les agences de renseignement «vont devenir un secteur en croissance». Il aurait dit «apprécier» M. Ailes, «un homme brillant».