Jill Kelley était déjà connue comme étant la «deuxième femme» derrière le scandale Petraeus. Depuis hier, elle tient également un rôle dans une autre affaire qui pourrait mettre fin à la carrière militaire du commandant de la coalition internationale en Afghanistan.

Le Pentagone a en effet annoncé hier que le général John Allen faisait l'objet d'une enquête pour avoir participé à une correspondance «déplacée» avec cette femme de 37 ans dont une plainte a poussé le FBI à exposer la relation extraconjugale entre le chef de la CIA David Petraeus et Paula Broadwell, sa biographe.

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Le général John Allen et Jill Kelley ont échangé de 20 000 à 30 000 pages de courriels et d'autres documents entre 2010 et 2012, selon le FBI. Les deux ont fait connaissance à Tampa à la base aérienne McDill, où Kelley était une agente de liaison bénévole auprès du commandement central de l'armée américaine.

La découverte de la correspondance entre le général et Mme Kelley a incité Barack Obama à suspendre la nomination du militaire de près de 59 ans au poste de commandant suprême de l'OTAN en Europe. Le président, par la voix de son porte-parole, a cependant fait savoir que le général conservait toute sa confiance en tant que chef de la coalition internationale en Afghanistan (ISAF).

«Je peux vous dire que le président a une très haute opinion du général Allen et de ses états de service pour son pays, ainsi que du travail qu'il a réalisé en Afghanistan», a déclaré Jay Carney, porte-parole de la présidence.

Le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, a tenu le même discours.

«Tant que l'enquête est en cours et que les faits n'ont pas été établis, le général Allen restera commandant de l'ISAF», a-t-il déclaré.

Sous le sceau de l'anonymat, un responsable américain a qualifié de «charmeurs» (flirtatious) les courriels échangés entre le général John Allen et Jill Kelley à raison d'une trentaine par jour en moyenne de 2010 à 2012.

Le code militaire américain considère l'adultère comme un crime. Le général a démenti toute infraction aux règlements.

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Des courriels de menaces anonymes

Jill Kelley avait également fait connaissance avec le couple Petraeus au commandement central de l'armée américaine à Tampa, où elle travaillait auprès des familles de militaires stationnés sur cette base. Au début de l'été, elle a déposé une plainte au FBI après avoir reçu des courriels de menaces anonymes. Au fil de son enquête, la police fédérale a découvert par hasard la liaison extraconjugale entre le chef de la CIA et sa biographe, auteure des courriels menaçants.

Tout indique que Paula Broadwell considérait Jill Kelley comme une rivale pour obtenir l'affection de David Petraeus. Le FBI a découvert dans le cadre de la même enquête les courriels échangés par le général John Allen et Jill Kelley.

L'amitié entre Mme Kelley et un agent du FBI de Tampa aurait contribué à la décision de la police fédérale de donner suite à la plainte relativement anodine de la femme. Cet agent fait aujourd'hui lui-même l'objet d'une enquête pour avoir envoyé à Jill Kelley des photos de lui torse nu.