La justice française a ordonné mardi l'insertion d'un encart «avant toute diffusion» dans chaque exemplaire du livre d'une auteure relatant sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn, qui réclamait la saisie du livre, dont la parution mercredi pourrait ainsi être retardée.

Mardi matin, l'ex-responsable du Fonds monétaire international (FMI) s'était déclaré devant le tribunal «choqué» par un texte «méprisable et mensonger», dont il avait demandé l'interdiction.

La juge Anne-Marie Sauteraud, du tribunal de grande instance de Paris, saisie dans le cadre d'une procédure d'urgence pour «atteinte à l'intimité de la vie privée», a décidé mardi de ne pas accepter cette demande, mais elle a ordonné l'insertion d'un encart mentionnant que le livre porte atteinte à la vie privée de Dominique Strauss-Kahn.

Cette décision pourrait retarder la parution du livre, prévue mercredi. L'avocat des éditions Stock avait souligné à l'audience qu'il est «matériellement impossible» d'insérer un encart dans les 40 000 premiers exemplaires déjà mis en place dans les librairies.

L'essayiste Marcela Iacub et les éditions Stock ont également été condamnés à verser solidairement 50.000 euros de dommages et intérêts à Dominique Strauss-Kahn, tandis que l'hebdomadaire le Nouvel Observateur, qui a publié des extraits du livre, devra lui verser 25 000 euros de dommages et intérêts.

«C'est évidemment une excellente décision pour Dominique Strauss-Kahn, et bien au-delà pour les principes, pour le respect de la vie privée, pour certains grands principes qui fondent notre démocratie parce qu'on ne peut pas aller toujours plus loin dans le trash sous prétexte d'appeler ça littérature et journalisme», a réagi Me Richard Malka, avocat de DSK, sur Itélé.

Le livre de Marcela Iacub, Belle et Bête, relate sa liaison en 2012 avec un homme non identifié, qualifié d'«être double, mi-homme, mi-cochon», un terme qui n'est pas péjoratif pour l'auteure, avait-elle précisé la semaine dernière, en confirmant qu'il s'agissait de DSK, tout en soulignant que l'ouvrage contient des éléments de fiction.

«J'en ai assez qu'on se serve de moi et je demande une seule chose, c'est qu'on me laisse en paix», avait déclaré mardi matin DSK à sa sortie de la salle d'audience, avant d'être suivi, dans une bousculade, par des dizaines de journalistes.

Inconnue du grand public jusqu'à l'annonce de la sortie de son livre racontant sa liaison avec DSK, Marcela Iacub est une juriste et universitaire franco-argentine dont les travaux de recherche ont notamment porté sur la thématique du droit et de la sexualité.

Cette pétillante brune aux cheveux courts, au look soigné et aux ongles colorés, est décrite comme une brillante intellectuelle un brin fantasque, voire théâtrale, auteur d'une quinzaine d'ouvrages, essentiellement des essais.

Un temps favori de l'élection présidentielle de 2012 en France, Dominique Strauss Kahn a dû renoncer à son mandat à la tête du FMI et ses ambitions politiques après avoir été accusé en mai 2011 du viol d'une femme de chambre dans un hôtel à New York. Après l'abandon des poursuites pénales, DSK et la femme de chambre sont parvenus fin 2012 à un accord financier pour mettre fin à l'affaire.

En France, M. Strauss-Kahn, 63 ans, est mis en examen (inculpé) pour proxénétisme aggravé dans une affaire de rencontres libertines.