La plainte d'une jeune journaliste et écrivaine française, Tristane Banon, contre l'ex-directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn qu'elle poursuivait pour tentative de viol a été classée sans suite, mais des faits d'agression sexuelle ont été reconnus même s'ils sont prescrits, a annoncé jeudi le parquet de Paris.

«Le parquet de Paris a procédé au classement sans suite de la procédure diligentée à la suite de la plainte déposée par Madame Tristane Banon à l'encontre de Monsieur Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol», a-t-il indiqué dans un communiqué.

À l'issue de l'enquête, «il ressort que si faute d'éléments de preuve suffisants, les poursuites ne peuvent être engagées du chef de tentative de viol, des faits pouvant être qualifiés d'agression sexuelle sont quant à eux reconnus», poursuit-il. Mais il ajoute que ces faits commis en 2003 ne peuvent être poursuivis car ils sont prescrits.

Le délit d'agression sexuelle est prescrit trois ans après les faits, contrairement à la tentative de viol, passible de 15 ans de réclusion, qui est un crime prescrit au bout de dix ans.

La romancière et journaliste de 32 ans avait prévenu que si le parquet décidait de classer sa plainte, elle déposerait immédiatement plainte avec constitution de partie civile, ce qui entraîne automatiquement la désignation d'un juge d'instruction.

DSK, un «agresseur sexuel non jugé»

Dominique Strauss-Kahn est un «agresseur sexuel non jugé», a estimé jeudi l'avocat de Tristane Banon, Me David Koubbi, après que le parquet eut classé sans suite la plainte de Mlle Banon tout en reconnaissant qu'une agression sexuelle était reconnue, mais prescrite.

La décision du parquet, «bien qu'insatisfaisante, constitue une première victoire pour Mlle Banon puisqu'au terme de cinq mois d'une bataille acharnée, il est établi sans réserve que son dossier n'est pas «vide» et que les faits qu'elle a dénoncés ne sont pas «imaginaires» contrairement aux affirmations de M. Dominique Strauss-Kahn», a ajouté l'avocat dans un communiqué.

L'ancien directeur du FMI «devra se satisfaire d'un statut d'agresseur sexuel non jugé bénéficiant de la prescription applicable en la matière, lui permettant d'échapper à une condamnation pénale, mais désormais pas à une suspicion légitime quant à son comportement vis-à-vis des femmes», a-t-il souligné.

DSK «totalement blanchi»

L'avocate de Dominique Strauss-Kahn a estimé que l'ex-patron du FMI avait été «totalement blanchi» par la justice qui a décidé jeudi de classer sans suite la plainte de Tristane Banon.

M. Strauss-Kahn «est évidemment totalement blanchi des accusations dont il a fait l'objet», a déclaré Me Frédérique Beaulieu sur la chaîne de télévision BFM TV. «Quand quelqu'un fait l'objet d'une plainte et que cette plainte est classée sans suite, ça veut dire qu'il n'y a pas lieu à poursuivre la personne. Cela s'appelle être blanchi», a-t-elle ajouté.Tristane Banon avait porté plainte contre DSK début juillet, l'accusant d'une tentative de viol dans un appartement parisien en février 2003.

Au cours de son audition, M. Strauss-Kahn avait concédé avoir fait des «avances» à la jeune femme. Mais il a réfuté tout acte de violence, affirmant lors d'une interview télévisée que «la version qui a été présentée est une version imaginaire, une version calomnieuse».

Cette décision du parquet constitue un énième rebondissement dans l'affaire DSK, accusé en mai de viol par une femme de chambre dans un hôtel de New York. La justice américaine, jugeant la plaignante pas assez crédible, avait finalement décidé fin août d'abandonner les poursuites au pénal.

DSK, 62 ans, reste confronté à une procédure civile aux États-Unis.