L'ancien directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, débarrassé des charges pénales pesant contre lui aux États-Unis, va bientôt être confronté en France à Tristane Banon, la jeune femme qui l'accuse de tentative de viol, a annoncé vendredi le parquet de Paris.

Dans le cadre de son enquête préliminaire, «le parquet de Paris a décidé de faire procéder à une confrontation entre Tristane Banon et Dominique Strauss-Kahn», a déclaré le procureur de la République.

L'ancien patron du Fonds monétaire international et ex-favori pour la présidentielle de 2012 «a fait savoir au service responsable du dossier qu'il se tenait à sa disposition» pour participer à cette confrontation, ont répondu ses avocats.

Tristane Banon, 32 ans, qui a porté plainte contre DSK pour une tentative de viol perpétrée selon elle en février 2003 dans un appartement parisien, a indiqué cette semaine à plusieurs reprises qu'elle souhaitait être confrontée à celui qu'elle accuse, pour qu'il lui «dise droit dans les yeux» que les faits qu'elle dénonce sont «imaginaires».

Dominique Strauss-Kahn, qui a répliqué par une plainte pour dénonciation calomnieuse, avait affirmé dimanche lors d'une interview sur la chaîne de télévision TF1 qu'«aucune violence» n'avait été infligée à Tristane Banon.

«J'ai été entendu comme témoin. J'ai dit la vérité que dans cette rencontre il n'y avait eu aucun acte d'agression, aucune violence, je n'en dirai pas plus». «La version qui a été présentée est une version imaginaire, une version calomnieuse», avait ajouté DSK.

La journaliste et romancière avait déposé plainte contre M. Strauss-Kahn début juillet alors que ce dernier était sous l'accusation d'une tentative de viol sur une femme de chambre dans la suite d'un hôtel de New York le 14 mai.

La justice américaine a depuis abandonné toutes les charges pénales à l'encontre de DSK, jugeant son accusatrice, une Guinéenne de 32 ans, pas assez crédible. Mais il est encore sous le coup d'une procédure civile aux États-Unis, intentée par Nafissatou Diallo qui lui réclame des dommages et intérêts.

Dimanche, Dominique Strauss-Kahn a reconnu avoir commis une «faute morale» en ayant une relation «non tarifée» avec Nafissatou Diallo, mais a nié avoir exercé une quelconque violence à son encontre.

Dans l'affaire Banon, DSK a concédé lors de son audition avoir fait «des avances» à la jeune femme, mais a réfuté là aussi toute violence, selon une source proche de l'enquête.

Après avoir entendu une vingtaine de personnes, dont Tristane Banon et DSK, la police judiciaire parisienne doit prochainement remettre son rapport au parquet de Paris.

Le parquet aura alors plusieurs solutions: déclarer que les faits, qui remontent à 2003, sont prescrits, classer sans suite ou confier une information judiciaire à un juge d'instruction.

Cette décision pourrait ne pas intervenir cette semaine, voire avant «des semaines», a-t-on indiqué de source judiciaire.

Mais même en cas de classement, le combat judiciaire ne serait pas terminé pour Dominique Strauss-Kahn. Tristane Banon a prévenu qu'en cas de classement, elle déposerait une autre plainte, cette fois en se constituant «partie civile», ce qui entraînerait la désignation d'un juge d'instruction.

D'ici là, elle a appelé à une manifestation pour défendre les femmes victimes de violences samedi près du palais de justice de Paris.

«Humilié», selon ses propres mots, lors de son arrestation aux États-Unis où il a passé quelques jours en prison, DSK était rentré libre à Paris le 4 septembre. Il est arrivé jeudi à Marrakech, au Maroc, pour une visite privée.