Dominique Strauss-Kahn est finalement rentré en France, dimanche, après quatre mois de péripéties judiciaires qui lui ont coûté son poste au Fonds monétaire international (FMI) et qui ont mis fin à ses aspirations présidentielles. La question de son futur politique reste cependant ouverte.

François Hollande, qui est en bonne position pour représenter le camp socialiste au prochain scrutin, n'a pas voulu dire clairement au cours des derniers jours s'il pourrait confier un rôle important à l'ex-ministre dans un futur gouvernement.

«Chacun peut avoir son opinion (sur Dominique Strauss-Kahn ou DSK), mais une chose est sûre: sa compétence en matière internationale est plutôt cherchée et reconnue», a-t-il déclaré, sans pour autant trancher.

Sa prudence s'explique en partie par la présence dans son entourage de plusieurs anciens lieutenants de l'ex-directeur général du FMI qui se sont ralliés à sa cause en prévision des primaires socialistes, dont le premier tour est prévu le 9 octobre.

Martine Aubry, qui a temporairement délaissé son rôle de première secrétaire pour participer aux primaires, a pris ses distances la semaine dernière avec son ancien allié. Elle a créé une vive commotion en déclarant «qu'elle pense la même chose que beaucoup de femmes de l'attitude de DSK envers les femmes», un commentaire très mal reçu dans l'entourage du principal intéressé.

Le porte-parole des socialistes, Benoît Hamon, a pour sa part indiqué que «la voix de DSK est utile, mais pas indispensable».

Il a insisté sur le fait que le retour en sol français du controversé administrateur ne devait pas détourner l'attention du débat de fond engagé par les candidats socialistes à l'approche du premier tour des primaires.

Pas au bout de ses peines

Qu'il soit le bienvenu ou non dans les rangs socialistes, Dominique Strauss-Kahn est loin d'en avoir fini avec ses difficultés judiciaires.

Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui l'accusait de viol aux États-Unis, s'est vu désavouer par le procureur new-yorkais chargé du dossier. Mais elle a déposé une poursuite au civil qui pourrait donner du fil à retordre à l'ex-ministre français.

Celui-ci doit par ailleurs composer avec la plainte déposée en France par l'écrivaine Tristane Banon, qui affirme avoir été agressée sexuellement lors d'une rencontre survenue il y a une dizaine d'années.

La mère de Mme Banon, Anne Mansouret, élue socialiste, a souligné que le retour de Dominique Strauss-Kahn en France lui permettrait de répondre aux questions des enquêteurs. Elle a par ailleurs jugé «indécent» le fait qu'il ait été accueilli comme une «vedette» à son retour.

Des dizaines de journalistes étaient en effet présents à l'aéroport Charles-de-Gaulle pour filmer l'arrivée de l'ex-ministre, qui était accompagné de sa femme, Anne Sinclair. Il s'est contenté de sourire aux caméras avant de s'engouffrer dans une voiture pour rejoindre sa luxueuse résidence de la place des Vosges, au coeur de Paris, où l'attendaient d'autres représentants des médias.

Son entourage laisse entendre qu'il s'exprimera publiquement sur sa situation avant la mi-septembre, probablement au journal télévisé à une heure de grande écoute. Un de ses conseillers en communication a indiqué au quotidien Le Monde qu'il n'aborderait cependant pas directement ce qui s'est passé dans la suite de l'hôtel Sofitel à New York.

L'objectif, a précisé ce conseiller sous le couvert de l'anonymat, est «d'abord de mesurer s'il est possible de reconstruire un rapport à l'opinion qui permette de considérer qu'il peut encore être utile au pays».

Selon un récent sondage, deux tiers des Français ne veulent pas que Dominique Strauss-Kahn occupe un rôle de premier plan en politique à l'avenir.