Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair sont rentrés dimanche à Paris dans un tourbillon médiatique, mais sans dire un mot, quatre mois après la spectaculaire arrestation à New York de l'ex-patron du FMI dans une affaire d'agression sexuelle pour laquelle il a été blanchi au pénal.

Ce retour de l'ancien favori potentiel pour la présidentielle de 2012, en pleine campagne pour la primaire socialiste, risque d'embarrasser les candidats PS, lesquels, à l'instar de Martine Aubry, ont pris leurs distances avec l'ex-vedette des sondages.

Une heure après avoir débarqué à Roissy d'un vol Air France en provenance de New York, le couple Strauss-Kahn/Sinclair est arrivé à bord d'une Peugeot noire à leur domicile parisien de la place des Vosges (IVe), ont constaté des journalistes de l'AFP, au milieu d'une cohue de photographes et cameramen.

DSK, en costume sombre, Anne Sinclair vêtue d'une veste noire, d'un jean et d'un T-shirt blanc, ont attendu quelques minutes dans la cour de leur immeuble, visiblement détendus, souriants et saluant la presse.

Comme à Roissy, ils n'ont pas prononcé un mot.

Ils sont ensuite montés dans leur appartement, suivis par trois hommes chargés de valises.

L'entourage de DSK a prévenu qu'il n'y aurait aucune communication ce dimanche.

L'ancien ministre socialiste Jack Lang, résidant aussi place des Vosges, s'est félicité que le couple soit «libéré d'une situation humiliante et injuste». Le biographe de DSK, Michel Taubmann, pense que «l'homme revient de l'enfer, accusé à tort, victime d'une terrible erreur judiciaire».

À Roissy, des badauds avaient crié «bon courage!» à l'adresse de l'ex-ministre et de son épouse encadrés par des dizaines de policiers.

«On n'a jamais cru à cette histoire de viol. On est là pour le soutenir. C'est la seule personne qui aurait pu battre Nicolas Sarkozy», a déclaré Ashley Salhi, 27 ans, venue à Roissy dès 04H00.

M. Strauss-Kahn, 62 ans, est de retour après quatre mois d'un incroyable feuilleton politico-judiciaire aux États-Unis et en France. Le 23 août, la justice new-yorkaise a renoncé à toute poursuite pénale contre lui dans une affaire d'agression sexuelle.

Le 14 mai, DSK avait été arrêté à l'aéroport JFK de New York puis présenté menotté devant les médias du monde entier, après la dénonciation d'une femme de chambre guinéenne, Nafissatou Diallo, qui l'accusait de tentative de viol au Sofitel de Manhattan.

Le puissant patron du FMI avait alors été incarcéré trois jours dans une prison new-yorkaise avant d'être libéré sous caution et de devoir porter un bracelet électronique.

L'ancien favori pour 2012 devrait s'expliquer sur ce qui s'est passé dans la chambre du Sofitel, selon des proches, mais, d'après des sondages, une majorité de Français refusent de le voir jouer un rôle politique majeur.

«DSK n'est plus candidat à l'élection présidentielle. Il ne reviendra pas à la vie politique classique en tout état de cause avant plusieurs mois. Soyons tout à fait sereins là-dessus», a précisé le député strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen.

Dès l'abandon des poursuites pénales aux États-Unis, DSK avait dit sa «hâte» de rentrer en France pour s'y «exprimer plus longuement» après «une épreuve terrible et injuste».

Outre un éventuel procès américain au civil, DSK doit faire face à une plainte pour «tentative de viol» déposée en juillet par la jeune romancière Tristane Banon et qui a entraîné une enquête préliminaire du parquet de Paris.

Celle-ci se heurte à l'absence de preuve matérielle, huit ans après des faits allégués en 2003 que DSK dément.

Au terme de cette enquête, qui n'est soumise à aucun délai, le parquet peut classer la plainte sans suite ou ouvrir une information judiciaire, confiée à un juge d'instruction.

DSK pourrait être entendu pour donner sa version des faits, mais la mère de Tristane Banon, Anne Mansouret, vice-présidente PS du conseil général de l'Eure, a d'ores et déjà qualifié son retour d'«indécent».

Photo: AP

Des déménageurs se sont affairés à mettre les meubles de DSK et d'Anne Sinclair dans un camion.