Le parquet de Pontoise (près de Paris) a ouvert une enquête après la plainte pour tentative de subornation de témoin déposée par l'avocat de Nafissatou Diallo, la femme qui a accusé à New York Dominique Strauss-Kahn d'agressions sexuelles, a indiqué mercredi le parquet.

«Un plainte a été déposée hier (mardi) par Me Thibault de Montbrial» et il y a «ouverture d'une enquête préliminaire», a déclaré le procureur de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry.

Le parquet, qui dépend en France du ministère de la Justice, peut décider, à l'issue de son enquête préliminaire, de confier la poursuite des investigations à un juge indépendant, renvoyer directement l'affaire devant un tribunal ou bien la classer.

Me Thibault de Montbrial, relais en France du cabinet Thomson qui défend Mme Diallo à New York, avait annoncé avoir déposé plainte mardi pour tentative de subornation de témoin contre un adjoint au maire de Sarcelles, une ville de la banlieue parisienne dont M. Strauss-Kahn a été le maire.

La défense de Mme Diallo reproche à cet adjoint du maire François Pupponi, un proche de DSK, d'avoir fait pression sur une femme qui affirme avoir eu une liaison avec Dominique Strauss-Kahn, pour la dissuader de témoigner. Elle n'a pas en revanche révélé le nom de cet adjoint.

En juillet Kenneth Thompson, l'avocat de Mme Diallo à New York, «s'est entretenu avec des témoins potentiels de l'affaire DSK» notamment «avec une femme originaire de Sarcelles» présente aux Etats-Unis, a expliqué Me de Montbrial à l'AFP.

«Elle a apporté des précisions qui allaient dans le sens et l'intérêt de Mme Diallo et du parquet», a-t-il ajouté en précisant que M. Thomson «a donné le nom de ce témoin au procureur» de New York Cyrus Vance pour qu'il soit entendu.

Mais début août «un des adjoints au maire de Sarcelles, précisant qu'il avait été "envoyé par ses chefs", a sollicité de façon pressante un des proches» de cette femme et a demandé «ce que ça coûterait pour qu'elle se taise», a raconté l'avocat français.

Selon Me de Montbrial, cette «tentative de subornation de témoin» vise à bloquer les deux procédures, l'une pénale l'autre civile à New York.

Fin juillet, une femme qui disait avoir entretenu une liaison avec Dominique Strauss-Kahn, avait affirmé dans un journal français avoir été contactée par Kenneth Thompson.

Installée aux États-Unis mais réfugiée en Suisse pour échapper à la pression médiatique, elle avait précisé que son «avocate à Los Angeles avait été contactée par le bureau du procureur Vance à New York».

Dans une interview à un journal suisse, elle avait auparavant prévenu que son témoignage «servirait sans doute plus la défense que l'accusation».