Le candidat favori des primaires du Parti socialiste sort les griffes. Entendu hier dans l'enquête préliminaire ouverte après la plainte déposée par Tristane Banon contre Dominique Strauss-Kahn, François Hollande a insisté auprès des journalistes: «C'est une affaire qui ne me concerne en rien.» François Hollande veut maintenant tourner la page. «Je mettrai en cause tous ceux qui voudront, à un moment ou à un autre, faire de cet événement une affaire politique», a-t-il dit hier, après son audition.

François Hollande a-t-il été mis au courant de l'agression présumée de Tristane Banon en 2003? Cette version, soutenue par Anne Mansouret, est fortement démentie par l'ancien numéro 1 du PS, candidat à la présidentielle de 2012. «J'ai demandé à être entendu parce que j'ai des éléments tout à fait secondaires à donner par rapport à cette affaire», a-t-il dit au cours d'une brève déclaration après son audition, hier, à Paris. Une audition courte, qui visait surtout à mettre un terme à l'opération politique dont il se dit victime.

Mardi, la une du quotidien Le Figaro a semé l'ire des membres du Parti socialiste. En illustration de l'article titré «Affaire Banon: Hollande va être entendu», le journal, proche de la droite, a juxtaposé une photo de François Hollande à celle de Tristane Banon. Le Figaro a annoncé cette audition pour le mois de septembre, mais elle a finalement eu lieu hier.

Autour de François Hollande, les ténors du Parti socialiste font bloc, oubliant les rivalités des primaires. «Nous faisons face à une opération politique menée notamment par le journal Le Figaro qui a décidé, lui, de créer les conditions d'une actualité qui est honteuse pour notre débat public», a soutenu hier Manuel Valls, candidat lui aussi à l'investiture socialiste.

Depuis les débuts de l'affaire Tristane Banon, les versions divergent sur ce que François Hollande savait ou non. L'avocat de Tristane Banon soutient que François Hollande avait eu connaissance de l'agression, mais qu'il avait déconseillé, par l'entremise de sa mère, à la jeune femme de porter plainte. De son côté, François Hollande a reconnu, quelques jours après l'arrestation de DSK à New York, avoir entendu des rumeurs, mais pas «des faits dont la gravité est évoquée». Tristane Banon, elle, soutient lui avoir parlé au téléphone. Faux, selon Hollande.

Plusieurs personnes ont été amenées à témoigner au cours des derniers jours dans le cadre de cette enquête préliminaire. Parmi elles, la fille de DSK, Camille Strauss-Kahn, et son ex-femme, Brigitte Guillemette, également marraine de Tristane. Les fuites lundi soir de l'audition de la mère de Tristane Banon, Anne Mansouret, dans la presse ont ravivé la controverse: elle soutient avoir eu une relation unique et brutale avec DSK, au début des années 2000. En pleine période estivale, plusieurs observateurs français redoutent que cette affaire devienne le feuilleton de l'été, comme l'avait été le scandale Bettencourt l'an dernier, et détourne l'attention de la préparation de la campagne présidentielle.