La conjointe de Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair, soutient l'ex-directeur général du Fonds monétaire international face à la justice américaine. L'engagement inconditionnel de la célèbre journaliste lui vaut d'être pratiquement sanctifiée par la presse française, qui ne s'empêche pas pour autant de remettre en question son comportement, rapporte notre correspondant.

La femme de Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair, a tout abandonné illico pour se rendre auprès de son mari à New York lorsque la nouvelle retentissante de son arrestation pour agression sexuelle a fait le tour de la planète.

Elle affiche depuis une détermination et un calme dans l'adversité qui lui valent l'admiration de plusieurs chroniqueurs français.

Dans un récent article, le Nouvel Observateur en fait presque une martyre en dépeignant son arrivée au tribunal new-yorkais. «À cet instant, blême, dépouillée, elle est le visage de la femme sacrificielle. À la face du monde, c'est elle qui porte l'homme à terme, son bras soutenant fortement son époux», souligne l'hebdomadaire.

Le Figaro dépeint la scène avec le même lyrisme. «Lors de l'audition de Dominique Strauss-Kahn [...] on n'a vu qu'elle. Elle, droite. Moins apprêtée que d'habitude mais plus ardente. Émouvante toute de noire vêtue, comme une figure de tragédie marchant droit vers son destin. Prête à l'assumer, à le défier, malgré cette drôle de haie d'honneur, ou de déshonneur, qui les attend», écrit le quotidien.

L'auteure de l'article sur le «mystère Anne Sinclair», Anne Fulda, note qu'une interrogation lancinante vient cependant brouiller le portrait. Comment une «icône des années 80», modèle d'émancipation qui voulait à la fois l'amour, la réussite professionnelle et les enfants, peut-elle accepter «de soutenir un homme suspecté d'avoir violenté une femme» ? Et d'être «trompée à la face du monde entier?»

Au courant des infidélités

Le journaliste Michel Taubmann, qui a écrit une biographie de Dominique Strauss-Khan récemment bonifiée et rééditée pour couvrir les développements new-yorkais, souligne qu'Anne Sinclair n'a jamais douté de l'innocence de son mari dans cette affaire.

«Elle a été totalement solidaire avec lui dès le premier jour. Elle l'a toujours soutenu et n'a jamais cru qu'il ait pu violer une femme», souligne en entrevue M. Taubmann, qui a communiqué quelques fois avec elle après l'arrestation.

«Dominique est un homme bien, honnête et droit. Je crois en lui plus que jamais. Notre couple est d'une solidité à toute épreuve. Nous sortirons de ce drame ensemble, dignes et droits, main dans la main», lui a-t-elle notamment déclaré dans un message.

Selon M. Taubmann, Anne Sinclair est «parfaitement au courant que son mari lui a été infidèle à plusieurs reprises par le passé», contrairement à ce que laissent entendre certaines personnes se présentant comme des proches de la journaliste.

L'écrivaine Laure Adler a affirmé récemment dans une entrevue à la télévision que la femme de Dominique Strauss-Kahn «quittait la table» lorsque les aventures de son mari étaient évoquées devant elle. Un «ami» non identifié a par ailleurs affirmé qu'elle faisait preuve d'une capacité de «déni hallucinante» à ce sujet.

Le couple avait déjà été confronté publiquement à cette problématique il y a quelques années lorsque Dominique Strauss-Kahn a été soumis à une enquête interne après avoir eu une relation avec une employée du Fonds monétaire international.

Anne Sinclair avait alors écrit sur son blogue, en se portant à la défense de son conjoint, qu'ils s'aimaient «comme au premier jour».

Vers une vengeance

«Il est très important pour elle et elle est très importante pour lui», relève M. Taubmann, qui insiste sur le caractère «passionnel» de leur relation.

Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair se sont rencontrées sur le plateau de sa célèbre émission, Sept sur sept, en 1989, et se sont mariés deux ans plus tard. La journaliste, riche héritière, a décidé de renoncer aux entrevues politiques après la nomination de son conjoint au poste de ministre des Finances et de l'Industrie, se faisant graduellement de plus en plus discrète dans les médias.

Agissant comme conseillère pour son mari, elle se préparait à soutenir activement sa campagne pour obtenir l'investiture socialiste en vue de l'élection présidentielle de 2012, un objectif qui semble aujourd'hui largement compromis.

Selon le Canard enchaîné, la journaliste ne digère pas que plusieurs autres candidats socialistes, dont Martine Aubry, aient voulu écarter trop vite Dominique Strauss-Kahn du jeu. Elle inciterait même ce dernier à se «venger».

Le Nouvel Observateur affirme qu'elle a pressé ses proches, dans un récent message, de ne pas oublier «tous ceux qui nous ont craché à la gueule», montrant une agressivité qui cadre mal avec le stoïcisme affiché devant les tribunaux.