Dominique Strauss-Kahn pourra bientôt rentrer en France, l'abandon par le procureur de Manhattan des poursuites à son encontre étant «une certitude».

C'est du moins ce qu'a confié un enquêteur haut placé au New York Post, quotidien populaire contre lequel l'accusatrice de DSK a elle-même intenté une poursuite pour diffamation hier.

«Nous savons tous que le dossier n'est pas défendable», a déclaré l'enquêteur anonyme en faisant allusion aux doutes qui pèsent sur la crédibilité de la plaignante. «Il est impossible de croire la moindre chose qui sort de sa bouche, ce qui est dommage, parce que nous pourrions ne jamais savoir ce qui s'est passé dans cette chambre d'hôtel.»

Le procureur de Manhattan, Cyrus Vance Jr, pourrait prendre sa décision avant la prochaine comparution de Dominique Strauss-Kahn fixée le 18 juillet. Vendredi, dans un retournement de situation spectaculaire, il a reconnu que la crédibilité de l'accusatrice était affaiblie par ses mensonges sur certains faits liés à la tentative de viol dont elle se dit victime et à sa vie personnelle, tant passée que présente. L'aveu a convaincu un juge de libérer DSK sur parole.

L'adjointe du procureur de Manhattan, Joan Illuzi-Orbon, a évoqué de son côté, lors d'une entrevue au Wall Street Journal, les difficultés de poursuivre les accusations portées par la femme de chambre guinéenne de 32 ans, à moins que «je croie chaque mot sortant de sa bouche, et que je sois convaincue de l'aspect criminel de ce qui s'est passé».

Personne ne doute que Dominique Strauss-Kahn ait eu un rapport sexuel avec la femme de chambre. Les avocats de l'ex-ministre français de l'Économie et des Finances ont laissé entendre qu'il s'agissait non pas d'une tentative de viol mais d'un rapport consenti. L'avocat de la plaignante a maintenu de son côté que DSK avait agressé sexuellement sa cliente avec violence, lui infligeant des contusions au vagin, avant de la forcer à lui faire une fellation.

Conversation controversée

Parmi les révélations qui affaiblissent la crédibilité de la plaignante, il y a cette conversation téléphonique qu'elle a eue dans les 24 heures après ses accusations contre DSK avec un détenu soupçonné de trafic de marijuana. «Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais», a-t-elle déclaré à cet homme.

De là à dire qu'elle a menti sur toute la ligne, il y a un pas que le New York Post a franchi au cours des derniers jours. Dans des articles publiés du 2 au 4 juillet, les journalistes du tabloïd ont même accusé la femme de chambre de prostitution, affirmant que ses accusations contre Dominique Strauss-Kahn avaient découlé du refus de ce dernier de la payer pour la fellation qu'elle lui a faite.

«Toutes ces déclarations sont fausses», a fait valoir l'avocat de la femme de chambre, Kenneth Thompson, dans une plainte pour diffamation contre le New York Post déposée devant un tribunal du Bronx.