Avec la libération sur parole de Dominique Strauss-Kahn à la suite de révélations sur des mensonges de son accusatrice, l'attention s'est déplacée sur cette femme de chambre guinéenne de 32 ans, même si l'homme politique français reste inculpé de crimes sexuels.

L'ancien favori des sondages pour la présidentielle française de 2012 est toujours poursuivi pour sept chefs d'accusation qui peuvent en théorie lui valoir 74 ans de réclusion. Il doit à nouveau comparaître le 18 juillet.

Mais aussi rapidement qu'ils avaient condamnés DSK, plusieurs journaux américains tirent dorénavant à boulets rouges sur la femme de chambre de 32 ans, dont la loi américaine interdit de révéler l'identité.

Citant une source non-identifiée proche de la défense de DSK, le tabloïd New York Post croit ainsi savoir qu'elle se prostituait et que Dominique Strauss-Kahn aurait refusé de la payer après leur relation sexuelle.

Une affirmation fermement démentie par la défense de DSK. «Il n'y a pas eu de dispute entre les parties parce qu'il n'a pas été question d'argent», déclarent ses avocats américains dans un communiqué à l'AFP.

Dans cette affaire, la donne a changé depuis que le procureur Cyrus Vance a révélé les mensonges de l'accusatrice.

Elle a menti pour obtenir l'asile aux Etats-Unis en 2004, a-t-il écrit jeudi dans une lettre aux avocats de la défense. Elle a également menti sur ce qui s'est passé après l'agression présumée dans la suite 2806 du Sofitel de New York.

La femme de chambre avait raconté qu'elle avait attendu dans le couloir que DSK quitte la suite et avait immédiatement rapporté les faits présumés. Elle a depuis admis qu'«elle avait nettoyé une autre chambre et était retournée dans la suite 2806 et avait commencé à la nettoyer avant qu'elle ne rapporte l'incident à son superviseur», écrit M. Vance.

Elle a également fait une fausse déclaration d'un second enfant à charge pour frauder les services fiscaux, selon le procureur.

Selon une source anonyme proche de l'enquête citée par la chaîne CNN, aucune décision n'a encore été prise sur le sort de l'affaire DSK. La question étant de savoir si le procureur de New York va abandonner une partie des charges qui pèsent contre DSK, ou même toutes, suite aux derniers rebondissements.

La question risque de ne pas être tranchée dans les prochaines heures, ce lundi étant ferié aux Etats-Unis, «independance day» oblige.

En attendant, l'ancien directeur général du FMI occupait toujours dimanche la maison du sud de Manhattan dans laquelle il a été confinée pendant six semaines jusqu'à ce qu'un juge new-yorkais lui rende sa liberté de mouvement aux Etats-Unis vendredi.

Depuis cette libération sous parole, chaque sortie de Dominique Strauss-Kahn et de son épouse Anne Sinclair sont oscultés par les dizaines de journalistes qui campent devant le domicile provisoire de l'ancien chef du FMI.

Dimanche, DSK n'a pas été vu sortant de la maison. Son épouse, en jean et veste noire, souriante, est sortie seule pendant quelques heures, a constaté l'AFP. Elle s'est rendue au Metropolitan Museum, près de Central Park, avec une femme, selon les équipes de télévision qui l'ont suivi en moto.

Samedi, après avoir semé une partie des journalistes qui les poursuivaient, l'ancien ministre et son épouse s'étaient rendus dans un autre musée célèbre de New York: le musée d'Art moderne (MoMa).

La veille, pour la première sortie de DSK depuis sa liberté sur parole, ils étaient allé dîner dans un restaurant italien.

En France, le rebondissement de cette affaire a relancé les interrogations parmi des proches de DSK sur une éventuelle manipulation dont il aurait fait l'objet.

Michèle Sabban, vice-président PS du conseil régional d'Ile-de-France et fidèle de M. Strauss Kahn, s'interroge sur «l'attitude de la direction du Sofitel» peu après les faits présumés.

Et pour le vice-président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, François Loncle, «tout n'est pas clair». Ce proche de DSK évoque l'hypothèse de «connexions» entre le groupe français Accor, propriétaire du Sofitel, et «certaines officines françaises».

Accor a nié «formellement» dimanche toute intervention de ses dirigeants dans l'affaire DSK.