Dominique Strauss-Kahn le retour? Passée la première onde de choc après la libération sur parole de l'ex-patron du FMI, les socialistes se préparent aux différents scénarios qui, s'il est blanchi des accusations d'agression sexuelle, vont à nouveau perturber la donne présidentielle.

L'arrestation de DSK le 14 mai pour agression sexuelle sur une femme de chambre dans un hôtel de New York avait déjà rebattu les cartes au sein du PS qui s'est lancé mardi dernier dans une primaire pour la désignation de son candidat à l'élection présidentielle de 2012 sans celui qui était jusqu'à alors donné grand gagnant.

Désormais envisagée la possibilité qu'il soit blanchi, suite à des révélations décrédibilisant la plaignante, deux nouveaux scénarios sont souvent évoqués: il présente sa candidature à l'investiture socialiste pour la présidentielle ou bien il apporte son soutien à l'un des candidats.

«C'est l'amorce d'un dénouement imprévu», a estimé dimanche un de ses proches le député Pierre Moscovici.

Déjà, la moitié des Français (49%) se disent favorables à un retour de Dominique Strauss-Kahn sur la scène politique.

Si, lavé de tous soupçon, DSK décide de se lancer, il doit pouvoir se présenter à la primaire socialiste avant la date de clôture du dépôt des candidatures prévue le 13 juillet - avec un vote des sympathisants de gauche fixé aux 9 et 16 octobre.

Alors que la prochaine audience au tribunal de New York doit avoir lieu le 18 juillet, deux candidats ont annoncé qu'ils n'étaient pas contre un report du calendrier pour le dépôt des candidatures.

Après le député François Hollande, la candidate malheureuse à la présidentielle de 2007 Ségolène Royal a déclaré samedi que cela ne lui posait «aucun problème» si l'intéressé le demande.

L'option d'un report ne fait pas l'unanimité. Mais «s'il se porte candidat d'ici à la fin des vacances, il est clair que cela offre une situation nouvelle et qu'il faudra que nous réfléchissions ensemble», a commenté un de ses proches, le sénateur Gérard Collomb.

La mise hors-jeu de Dominique Strauss-Kahn a propulsé François Hollande en tête des sondages au sein du parti comme au niveau national face au président Nicolas Sarkozy, probablement candidat à sa succession, et plusieurs amis de DSK lui ont depuis apporté leur soutien.

Cette mort politique annoncée a aussi entraîné l'entrée en lice mardi de la dirigeante du PS Martine Aubry, qui était liée par un pacte avec l'ancien patron du FMI selon lequel le mieux placé irait au combat.

Commentant dimanche soir à la télévision les derniers développements intervenus à New York, Martine Aubry a déclaré que si Dominique Strauss-Kahn pouvait et voulait être candidat à la primaire socialiste, «personne n'osera lui opposer un quelconque calendrier». Elle a ajouté qu'elle-même resterait «bien sûr» candidate quels que soient les événements.

L'autre option envisagée est que Dominique Strauss-Kahn apporte son soutien à un candidat. Le plus logiquement en faveur de Martine Aubry, en vertu du pacte passé, ce qui pourrait changer l'équation au sein du parti, estiment les politologues.

«Si les charges qui pèsent contre lui venaient à s'évanouir, son soutien à Martine Aubry serait un soutien de poids», estime aussi un responsable du parti de la majorité UMP (droite), Hervé Novelli.

Les amis de Dominique Strauss-Kahn affirment qu'il «ne pense pas à cela aujourd'hui». Insistent sur la nécessité de rester dans «le temps judiciaire» avant d'entrer dans celui de «l'honneur lavé» puis de «la reconstruction».

Mais «une fois libre, il sera s'il le veut un acteur important dans la campagne dont la voix sera écoutée», prévient M. Moscovici.

Certains éditorialistes estiment qu'un «DSK saison 2» serait handicapé par l'étalage de ses relations avec l'argent et le sexe. D'autres au contraire avancent que blanchi il pourrait retourner à son avantage les humiliations subies.

D'autant que la thèse du complot a été à nouveau avancée dimanche par deux de ses proches. Le député PS François Loncle a ainsi évoqué l'hypothèse de «connexions» entre le groupe Accor - propriétaire français de l'hôtel Sofitel de New York, théâtre de ce qui est devenu l'affaire DSK - et «certaines officines» à Paris.

La majorité, qui prend aussi au sérieux l'hypothèse d'un retour, reste elle discrète. «C'est à la fois son choix et l'affaire de la gauche», a déclaré le chef de l'UMP Jean-François Copé.