L'ex-premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, qui espère représenter la formation de gauche au scrutin présidentiel de 2012, subit les contrecoups des ennuis judiciaires de Dominique Strauss-Kahn.

L'arrestation, à la mi-mai, de l'ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI) pour agression sexuelle a ramené dans l'actualité les allégations d'une journaliste et écrivaine française, Tristane Banon, qui soutient que DSK l'a agressée elle aussi.

Elle affirme qu'elle avait décidé à l'époque de ne pas porter plainte après en avoir discuté avec plusieurs personnes, dont sa propre mère, Anne Mansouret, élue socialiste. Les médias français cherchent depuis à déterminer quel rôle a joué François Hollande, alors aux commandes du parti, dans cette affaire.

Le principal intéressé a indiqué à plusieurs reprises que l'incident n'avait pas été porté à sa connaissance ou qu'il n'avait pas été informé de sa gravité. «Les rumeurs, elles existaient, mais je n'ai jamais conçu que mon rôle était de faire la police au Parti socialiste», a-t-il notamment déclaré.

En entrevue au site Rue89, l'avocat de Tristane Banon, David Koubbi, a indiqué en début de semaine que sa cliente se sentait «trahie» par l'ex-premier secrétaire du Parti socialiste. «C'est insupportable de voir François Hollande, un responsable politique qui sollicite le vote des Français, frappé d'amnésie soudaine, pour le dire poliment», a-t-il déclaré.

Selon lui, M. Hollande a eu à l'époque plusieurs conversations téléphoniques avec Anne Mansouret, à qui il a recommandé, en fait, de porter plainte contre DSK. Il aurait ensuite suggéré à Tristane Banon de suivre le conseil qu'il avait donné à sa mère.

Le politicien aurait par ailleurs dit à la journaliste, en 2008, qu'il «pensait beaucoup à elle» -dans une allusion à l'enquête dont Dominique Strauss-Kahn était l'objet au FMI pour sa relation abusive avec une employée.

L'ancien directeur de cabinet de M. Hollande, Stéphane Le Foll, a déclaré récemment que son ex-patron était bien au courant de l'affaire. «Il avait appelé Tristane Banon, il n'a pas cherché à imposer quoi que ce soit, il l'a écoutée et a essayé de la rassurer. C'est lui, en direct, qui gérait», a-t-il relevé.

Bruno Roger-Petit, chroniqueur du Nouvel Observateur, pense que la discrétion de François Hollande sur son rôle s'expliquerait par son désir de ne pas s'aliéner les anciens partisans de DSK à l'approche des primaires socialistes.

L'un des principaux lieutenants de l'ancien directeur général du FMI, Jean-Christophe Cambadélis, a récemment annoncé qu'il se ralliait à Martine Aubry, mais d'autres demeurent ambivalents.

L'affaire refait surface dans les médias à quelques jours de l'ouverture officielle de la période des candidatures aux primaires. François Hollande, qui a déjà annoncé qu'il se porterait candidat, fait figure de favori dans les sondages, où il récolte 36% des intentions de vote des électeurs de gauche. L'actuelle première secrétaire du parti, Martine Aubry, le serre de près à 35%. Ségolène Royal, qui avait représenté le camp socialiste lors de l'élection présidentielle de 2007, se trouve loin derrière, à 14%.