Ce qui s'est passé vers midi samedi dernier dans la suite 2806 de l'hôtel Sofitel de New York «n'avait rien de consensuel», a affirmé hier l'avocat de la femme de ménage qui accuse Dominique Strauss-Kahn de l'avoir agressée sexuellement.

«Quand les jurés vont entendre son témoignage et la voir, quand elle pourra enfin raconter son histoire publiquement», ils réaliseront que «leurs allégations faisant état d'une relation sexuelle consentie ou de rendez-vous sont fausses», a déclaré Jeff Shapiro lors d'une entrevue accordée à l'émission matinale de la chaîne NBC.

L'avocat de la plaignante répondait ainsi à une question portant sur la stratégie de défense de Dominique Strauss-Kahn, qui fait l'objet d'accusations d'agression sexuelle, tentative de viol et séquestration. Selon des médias new-yorkais, il pourrait tenter de faire valoir que la femme de ménage a consenti à avoir une relation sexuelle avec lui.

«Les preuves médico-légales, selon nous, ne coïncident pas avec un rapport forcé», avait déclaré Benjamin Brafman, l'avocat new-yorkais de DSK, lundi en cour.

La femme de ménage, une mère célibataire de 32 ans qui a quitté sa Guinée natale il y a sept ans avec sa fille pour émigrer aux États-Unis, a témoigné hier devant une chambre d'accusation. Ce «grand jury», composé de 16 à 23 jurés, s'est réuni en secret pour entendre les preuves des procureurs new-yorkais et décider d'une inculpation formelle ou non.

Dominique Strauss-Kahn devrait connaître demain la décision de cette chambre d'accusation. Si, comme il faut s'y attendre, des accusations formelles sont portées contre lui, il devra alors plaider coupable ou non.

Sous contrôle antisuicide

En attendant, le patron du Fonds monétaire international a passé une troisième nuit à la prison de Rikers Island, où il a été placé sous surveillance antisuicide. Selon les médias new-yorkais, cette surveillance a été ordonnée par précaution par une équipe médicale du centre correctionnel.

Dans le cadre de leur enquête sur l'agression présumée de samedi, les policiers de New York ont découpé un morceau du tapis de la suite 2806. Selon l'Associated Press, les détectives et les procureurs croient que ce morceau de tapis pourrait contenir des traces du sperme ayant été expulsé par DSK après une fellation forcée.

Le chef de police de New York, Raymond Kelly, n'a pas voulu commenter hier les preuves accumulées par les détectives. Il a cependant déclaré que ceux-ci avaient jugé la plaignante crédible.

«C'est tout ce qu'ils font, ils enquêtent sur ce genre de crimes», a-t-il déclaré aux journalistes en parlant des détectives de l'unité spéciale pour les crimes sexuels. «Évidemment, la crédibilité de la plaignante est un facteur dans les cas de cette nature. D'après les rapports que j'ai reçus depuis le début, la plaignante est crédible.»

Dominique Strauss-Kahn se présentera aujourd'hui devant un juge new-yorkais, qui a accepté d'examiner une nouvelle requête de ses avocats pour obtenir sa libération conditionnelle. Dans des documents déposés en cour hier, les avocats de DSK ont fait savoir que leur client est prêt à accepter les conditions suivantes en échange de sa libération conditionnelle: versement d'une caution de 1 million de dollars, assignation à résidence dans l'appartement new-yorkais de sa fille et port d'un bracelet électronique. Lundi, la juge du tribunal de New York Melissa Jackson avait refusé de libérer DSK contre une caution de 1 million de dollars. La magistrate avait exprimé la crainte que le patron du FMI ne tente d'échapper à la justice américaine en s'enfuyant dans un autre pays. Richard Hétu, collaboration spéciale