Malgré la tempête suscitée par les démêlés judiciaires de Dominique Strauss-Kahn, le Parti socialiste français n'entend pas changer le calendrier fixé pour choisir son candidat à l'élection présidentielle de 2012.

À l'issue d'une rencontre du bureau national consacrée à cette retentissante affaire, la première secrétaire du parti, Martine Aubry, a insisté hier sur la nécessité d'aller de l'avant. «Ce qui se passe aujourd'hui avec Dominique est extrêmement grave, mais rien ne justifie que nous changions ce que nous avons à faire», a-t-elle déclaré, tout en se réjouissant du fait que les militants sont demeurés «unis dans l'émotion».

«J'ai un devoir, un seul: faire en sorte qu'une ou un d'entre nous remporte 2012 pour redresser la France et apporter l'espoir aux Français», a ajouté Mme Aubry, qui se voit pressée par son entourage de se porter candidate à l'investiture socialiste.

DSK et elle s'étaient entendus pour que le plus populaire des deux se présente aux primaires, qui doivent se tenir à l'automne. La semaine dernière, des médias avaient laissé entendre qu'elle avait déjà accepté de renoncer en raison de la popularité du directeur général du FMI dans les sondages.

Les ennuis judiciaires de ce dernier, qui risquent fort de l'empêcher de se présenter, changent cependant radicalement la donne. Selon un sondage Harris Interactive paru hier, le nouveau favori dans la course socialiste est maintenant François Hollande, crédité de près de 15 points d'avance sur Mme Aubry dans les intentions de vote des socialistes. Il arriverait aujourd'hui devant DSK même si celui-ci réussissait, contre toute attente, à se présenter.

Les ennuis de Strauss-Kahn pourraient aussi renforcer les ambitions de Ségolène Royal, ex-conjointe de M. Hollande, qui avait réussi à remporter l'investiture socialiste en 2007 malgré l'opposition des caciques du parti. Elle est cependant loin derrière pour l'instant.

L'ex-premier ministre Laurent Fabius, qui avait apporté son soutien à DSK, serait aussi tenté de se porter candidat. «C'est une situation très délicate sur le plan humain et très difficile sur le plan politique. Il faut faire preuve de beaucoup de retenue quant aux faits. On attend de nous l'unité», a-t-il dit hier.

Les élus de droite, conformément aux consignes de Nicolas Sarkozy, ont pour leur part continué de montrer une grande retenue dans leurs déclarations officielles.

Lors d'un déjeuner à l'Élysée, Sarkozy a déclaré qu'il fallait faire preuve de «dignité» devant l'affaire et éviter de spéculer sur ses répercussions politiques.

L'entourage de Nicolas Sarkozy aimerait bien, quoi qu'il en soit, voir l'image du Parti socialiste durablement ternie.

«On peut légitimement se demander pourquoi les socialistes ont couvert les agissements de Strauss-Kahn depuis si longtemps alors qu'on avait déjà beaucoup de suspicions sur son comportement. Il y a là comme une faillite collective, ce serait trop facile pour eux de s'en laver les mains», a déclaré un conseiller de l'Élysée au quotidien Le Parisien.