Le cas Dominique Strauss-Kahn semble être taillé sur mesure pour Benjamin Brafman: un client connu, une affaire difficile, la presse internationale suspendue à chacune de ses déclarations, autant de situations qu'il connaît bien.

Après des débuts modestes d'assistant du procureur à la sortie de l'université, Benjamin Brafman, 62 ans, a réussi à se hisser au rang des avocats pénalistes les plus recherchés de New York, obtenant des acquittements à la surprise générale, le plus souvent pour des clients célèbres.

Il est à nouveau sous les feux de la rampe en tant que pilier de la défense du directeur général du Fonds monétaire international, accusé d'avoir agressé sexuellement samedi une employée de l'hôtel Sofitel de Manhattan et qui nie les faits.

«Nous pensons que c'est un cas très, très défendable», a déclaré Me Brafman lundi lors de la première comparution de DSK, dont il assure la défense depuis samedi, quelques heures après son interpellation à bord d'un avion d'Air France sur le point de décoller de l'aéroport Kennedy de New York.

Le patron du FMI, l'un des hommes les plus puissants de la planète, a été placé en garde à vue dans un commissariat spécialisé dans les affaires d'agressions sexuelles, dont il est sorti portant des menottes et encadré par des policiers, et a été présenté lundi à la juge, après avoir attendu son tour sur le banc des accusés aux côtés de petits délinquants.

Le genre de situation que Me Brafman connaît déjà. À la fin des années 1990, il a défendu le rappeur Puff Daddy, de son vrai nom Sean Combes, accusé de possession illégale d'arme et de subornation de témoin pour une affaire de fusillade dans une boîte de nuit de Manhattan. Le rappeur, qui s'est rebaptisé P. Diddy depuis, a été acquitté.

L'avocat a également défendu un autre rappeur, Jay-Z, dans une affaire d'agression contre un producteur de disques. Jay-Z a plaidé coupable et écopé de trois ans de mise à l'épreuve.

Et plus tard, Benjamin Brafman a fait partie des avocats qui ont défendu le «roi de la pop» Michael Jackson, finalement acquitté des accusations d'abus sexuels sur mineurs qui pesaient contre lui.

Dans une interview au New York Times il y a quelques années, Me Brafman s'était décrit comme quelqu'un qui «aime prendre les choses en charge et un avocat très discipliné». «Il faut savoir jouer de son autorité et dire non à un client», avait-il expliqué.

Juif orthodoxe, né de parents qui ont survécu à l'Holocauste, il a grandi dans un quartier pauvre de New York, pris des cours du soir pour pouvoir entrer à l'université et gagné un temps sa vie en tant que comédien de one-man-show.

Contrairement aux autres ténors du barreau new-yorkais, il n'a pas étudié dans une université prestigieuse de la côte Est mais à l'université de l'Ohio. Après avoir fait le va-et-vient entre la magistrature et des cabinets d'avocats, il a commencé à se faire connaître en défendant des membres du crime organisé.

Aujourd'hui, à en croire le New York Magazine, «il a acquis la réputation d'être l'homme dont il faut avoir le numéro de téléphone sous la main quand on a de gros ennuis».

Les prétoires sont son terrain de prédilection: il y ménage les témoins de la défense avec sa voix douce et ses plaisanteries, tandis qu'il se montre intransigeant en ferraillant avec l'accusation.

Pour Mark Geragos, avocat à Los Angeles interrogé par CNN, il est «l'avocat parfait» pour Dominique Strauss-Kahn, notamment parce qu'il est «tout à fait capable de naviguer au milieu des écueils médiatiques».

Benjamin Brafman a refusé de se laisser démonter lorsque la juge a décidé de l'incarcération de son client et refusé sa libération sous caution. «Cette bataille ne fait que commencer», a-t-il averti.