Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, pris dans une retentissante affaire d'agression sexuelle, craignait d'être victime d'un coup monté destiné à torpiller ses aspirations politiques.

Il aurait même évoqué explicitement cette possibilité à la fin du mois d'avril, à Paris, lors d'une rencontre discrète avec des journalistes où il a été question de sa candidature à la présidentielle de 2012. Selon un journaliste du quotidien Libération, DSK a alors évoqué un scénario possible avec «une femme violée dans un parking et à qui on promettrait 500 000 ou 1 million d'euros pour inventer une telle histoire». Il a aussi déclaré que des élus de droite le menaçaient de publier des photos compromettantes.

«Depuis des années, on parle de photos de partouzes géantes, mais je n'ai jamais rien vu sortir. Alors qu'ils les montrent!», a déclaré le directeur général du FMI. Il a ajouté qu'il se méfiait des mauvais coups du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, des propos susceptibles d'alimenter les thèses de ceux qui voient dans ses ennuis politiques une manipulation.

Coup monté de la droite?

Sans avancer de preuves, certains collaborateurs de DSK ont d'ailleurs évoqué hier la possibilité d'un coup monté de la droite française. «Je ne suis pas du tout, loin de là, un adepte de complots, mais j'ai encore en tête le fait qu'on avait promis à DSK le feu nucléaire dès qu'il ferait ses premiers pas de candidat, a déclaré hier le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis. Nous ne pouvons pas croire à sa culpabilité. Il sera bientôt de nouveau parmi nous.»

Dimanche, une autre élue socialiste, Michèle Sabban, a carrément parlé de «complot international» et d'«attentat politique»: «C'est le FMI qu'on a voulu décapiter, et pas tant le candidat à la primaire socialiste.»

La droite française, qui demeure réservée sur les développements survenus à New York, a écarté hier ces allégations. «C'est tellement français de voir des complots partout, c'est quelque chose, je crois, qui est dans notre culture», a déclaré hier la ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Théories conspirationnistes

Les ennuis de Dominique Strauss-Kahn alimentent par ailleurs les théories conspirationnistes sur l'internet. Certains de ses partisans s'étonnent notamment du fait qu'un blogueur proche du parti de la majorité, Jonathan Pinet, ait signalé samedi sur Twitter l'arrestation de l'ex-ministre avant même qu'elle ne soit annoncée par les médias new-yorkais.

Un utilisateur du site Le Post a notamment publié un texte dans lequel il se demande comment le jeune homme, étudiant à Sciences P=o, a pu obtenir l'information aussi rapidement.

Sur son blogue, M. Privet, qui a dit que l'information lui venait d'un ami bien placé à New York, se moque de ce qu'il appelle «un vaste complot crypto-fasciste» ourdi par la droite française. Il pousse plus loin l'ironie en disant qu'il est en fait le chef réel du département de police de New York, qu'il est voyant et qu'il est le véritable responsable de l'opération lancée contre Oussama ben Laden.