Le parti islamiste au pouvoir en Tunisie a indiqué réunir samedi son parlement interne pour étudier des initiatives visant à sortir le pays de la crise provoquée fin juillet par l'assassinat d'un opposant et éviter qu'il ne bascule dans la violence.

«Il existe plusieurs initiatives sérieuses et nous espérons atteindre une solution qui éviterait à la Tunisie de se diriger vers la violence», a déclaré un responsable du parti Ennahda, Houcine Jaziri, à la radio Shems-FM, sans détailler ces «initiatives».

La réunion du Conseil de la Choura, le parlement interne du parti, intervient alors que des pourparlers sont censés avoir lieu lundi entre Ennahda et le puissant syndicat UGTT pour tenter de trouver une solution à la crise politique déclenchée il y a près d'un mois par l'assassinat du député Mohamed Brahmi.

Ennahda, l'opposition et l'UGTT campent depuis le début de la crise sur leurs revendications respectives.

Les opposants veulent un gouvernement apolitique et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), tandis que les islamistes ne sont prêts qu'à élargir le gouvernement existant à d'autres partis en vue de former un cabinet d'union nationale.

L'UGTT, soutenue par le patronat Utica, a adopté une position médiane, plaidant pour la mise en place d'un gouvernement apolitique et le maintien de l'ANC pour qu'elle achève enfin la Constitution.

Ennahda a accusé ses détracteurs de s'inspirer de la situation en Égypte et de chercher à fomenter un coup d'État.

Les opposants organisent des manifestations quotidiennes depuis l'assassinat de M. Brahmi mais la mobilisation est en perte de vitesse depuis une manifestation le 13 août qui a réuni des dizaines de milliers de personnes à Tunis.

L'UGTT, forte de 500 000 membres et capable de paralyser le pays par des grèves, a une nouvelle fois réclamé dans un communiqué samedi une solution rapide, relevant que la situation économique et sociale en Tunisie risquait de se détériorer plus encore.

Le gouvernement actuel est accusé d'avoir failli sur le plan sécuritaire face à l'essor de la mouvance salafiste, mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications sociales étaient au coeur de la révolution de janvier 2011.

Un premier cabinet dirigé par Ennahda avait déjà dû démissionner après l'assassinat d'un opposant en février.