Un beau-frère du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, Moncef Trabelsi, emprisonné en Tunisie, est décédé des suites d'une tumeur au cerveau, a appris vendredi l'AFP, un décès intervenant plus de deux ans après la révolution qui a chassé ce clan honni du pouvoir.

Son avocat a accusé les autorités, arrivées au pouvoir après la révolution de janvier 2011, d'être responsables de ce décès.

Le frère de l'ex-Première dame de Tunisie Leïla Trabelsi est mort jeudi à 69 ans «à l'hôpital neurologique où il avait été hospitalisé le 18 mars. Il avait subi des opérations à cause d'une tumeur au cerveau», a indiqué à l'AFP le directeur général des prisons et de la rééducation, Habib Sboui.

Selon la même source, Moncef Trabelsi, un homme rond portant une petite moustache, était inconscient depuis «quatre ou cinq jours». Comme d'autres dignitaires de l'ancien régime, il était détenu jusqu'à son hospitalisation à la prison de la Mornaguia, située en banlieue de Tunis.

Le défunt, que l'on savait très malade, avait été condamné entre 2011 et 2012 pour escroquerie (deux ans) et pour avoir tenté de fuir le pays avec d'importantes sommes d'argent (18 mois). La première affaire devait encore passer devant la Cour de cassation.

Son avocat Wissem Saïdi a accusé les autorités d'être responsable du décès, estimant que son client, dont la moitié du corps était paralysée depuis deux mois, était mal soigné «Je considère que l'État tunisien, le ministère de la Justice, les services pénitentiaires sont responsables de sa mort, car il n'était pas pris en charge comme il le fallait», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Mon client a été opéré avec succès au cerveau il y a une vingtaine de jours (...), mais après quatre jours seulement il a été remis en prison où il n'y a pas les conditions pour les soins», poursuit-il.

«Au bout de deux jours seulement il a été remis à l'hôpital et depuis une semaine environ il était dans le coma», a encore relaté Me Saïdi, ajoutant que les quatre enfants du défunt et son épouse étaient tous hors de Tunisie.

Selon lui un autre de ses clients, détenu à la prison de la Mornaguia, Haj Mohamed Mahjoub, un beau-frère de l'ex-première dame, est à l'article de la mort souffrant «de nombreuses maladies».

Moncef Trabelsi, frère aîné de la seconde épouse de M. Ben Ali, n'était pas une figure de proue de ce clan familial honni accusé d'avoir placé la Tunisie sous coupe réglée, contrôlant aussi bien le commerce extérieur que la grande distribution ou le bâtiment.

Les principales figures de la famille ont pu quitter le pays et prendre la fuite dans la foulée de la révolution, à l'instar de M. Ben Ali et de son épouse qui vivent en Arabie saoudite ou de Belhassen, un autre frère de l'ex-première dame, qui vit au Canada.

D'autres membres de ce clan parfois qualifié de «quasi mafieux» sont en détention en Tunisie, le plus connu étant Imed Trabelsi, un neveu de Leïla, qui a écopé de lourdes peines de prison dans des affaires de fraude et de corruption.

Zine El Abidine Ben Ali et Leïla Trabelsi ont pour leur part été condamnés à de nombreuses reprises à des dizaines d'années de prison par contumace.