La perquisition du 6 décembre au bureau de l'avocat de Belhassen Trabelsi représente une première au Canada. Adoptée dans la foulée du Printemps arabe, la nouvelle Loi sur le blocage des biens de dirigeants étrangers corrompus n'avait encore jamais été invoquée par des agents de GRC pour mener une enquête.

Dès le 31 janvier, l'ambassadeur de la Tunisie à Ottawa avait demandé au gouvernement Harper de prendre des mesures pour geler les avoirs du clan Ben Ali-Trabelsi, évalués à entre 10 et 20 millions au Canada.

Depuis l'entrée en vigueur de la loi, le 23 mars, les institutions financières du pays doivent identifier les actifs liés aux dictateurs déchus et les signaler à la GRC.

Un règlement s'applique spécialement aux membres des anciens régimes tunisien et égyptien. Toute transaction avec ces «étrangers politiquement vulnérables» est proscrite.

Un Canadien doit donc y penser à deux fois avant de brasser des affaires avec Belhassen Trabelsi; il s'expose à cinq ans de prison ou à une amende de 25 000$.

C'est en partie grâce aux pressions du Collectif de solidarité avec les luttes sociales en Tunisie que la nouvelle loi a été adoptée en mars.

Son objectif est d'obtenir justice, mais aussi d'aider à consolider la démocratie naissante en Tunisie en restituant les biens spoliés par l'ancien régime.

Mais plusieurs membres de la communauté tunisienne à Montréal déplorent que le gouvernement ait tardé pour agir. «La France et la Suisse ont gelé les biens du clan très vite, au cours des jours qui ont suivi la chute du régime, rappelle Sonia Djelidi, du Collectif. Ici, M. Trabelsi a sûrement eu le temps de tout dilapider. Il ne doit rester que des miettes.»