Le premier ministre tunisien de transition, Mohammed Ghannouchi, est prêt à rencontrer les manifestants qui font le siège du gouvernement pour discuter de leurs demandes, a indiqué vendredi à l'AFP Abdessalam Jrad, le patron de la puissante centrale syndicale UGTT.

D'après M. Jrad, des concertations ont eu lieu dans la matinée entre des représentants syndicaux et les manifestants qui campent depuis dimanche sous les fenêtres du gouvernement à la Kasbah, siège du premier ministère.

Le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a ajouté avoir parlé avec M. Ghannouchi qui a accepté le principe d'une rencontre avec ces manifestants, sans préciser quand elle interviendra.

L'UGTT tente de convaincre les manifestants de rentrer dans leurs provinces, après la formation jeudi soir d'un nouveau gouvernement de transition épuré des principaux caciques de l'ancien régime Ben Ali, auquel la centrale a donné son aval tacite.

Les manifestants «m'ont dit "Nous voulons rentrer, nous voulons des bus". Je leur ai répondu "Avant de rentrer, dites-moi quels sont vos objectifs et vos revendications régionales, car les nationales nous les connaissons. Désignez-moi cinq ou six d'entre vous et je vous emmènerai chez le premier ministre, pour que vous lui expliquiez vos demandes"», a-t-il dit.

«Ils ont salué cette idée», a assuré le secrétaire général de l'UGTT, qui a expliqué avoir ensuite appelé le premier ministre: «Je lui ai dit "Si nos frères arrivent vraiment à ce résultat (...) Ëtes-vous prêts à cela?". Il m'a répondu: "Nous sommes prêts"».

M. Jrad a affirmé qu'il était possible que les manifestants quittent la Place du gouvernement dès vendredi. «C'est l'indication que j'ai», a-t-il dit.

Après trois jours d'âpres tractations, M. Ghannouchi a en grande partie cédé à la pression quotidienne de milliers de manifestants en formant jeudi soir une nouvelle équipe de transition profondément remaniée, qui a reçu l'aval préalable de l'UGTT.

Cinq des sept anciens ministres du dernier gouvernement de l'ex-président Zine Ben Ali qui y figuraient ont fait les frais de ce coup de balai, dont tous ceux qui occupaient les postes-clés: Défense, Intérieur, Affaires étrangères, Finances. Ils ont été remplacés par des technocrates ou des personnalités indépendantes peu connues de l'opinion.

Mais le maintien en fonction de M. Ghannouchi, dernier chef du gouvernement de Ben Ali, poste qu'il a occupé pendant 11 ans, reste fortement contesté par la frange la plus radicale des contestataires.